Une opération coup de poing destinée à protester contre l’agrandissement de la fourrière, “et donc la capacité de massacrer davantage de chiens et de chats”, dénonce Francis Kubezyk, le porte-parle regrettant qu’en parallèle “il n’y [ait] aucune question posée sur les refuges et les dispensaires”.
Le militant à l’initiative d’un tour de l’île des maires prévient : “Si les vétérinaires viennent demain pour euthanasier les chiens, nous ne les laisserons pas passer”. Alors que les bénévoles espèrent libérer les animaux de cette fourrière, ils lancent “un appel à la population pour avoir davantage de familles d’accueil”.
“La stérilisation massive a fait ses preuves, pas l’euthanasie”
“On réclame une table ronde pour discuter sur le plan de lutte, de manière à avoir des stérilisations, des dispensaires et des refuges pour ne pas gérer que sur un cycle de mort. Ça a été prouvé dans de nombreux pays du monde, la stérilisation massive fait ses preuves, alors que l’euthanasie non, et coûte beaucoup plus cher”, affirme Francis Kubzeyk. Et d’ajouter : “Dans certaines fourrières, pour gagner du temps et dans un souci de productivité, on les pique ans anesthésie. Les chiens souffrent terriblement, se tordent de douleurs, pendant que les autres attendent leur tour. Ce n’est pas tolérable”.
Le projet d’extension de la fourrière intercommunale prévoit de porter l’accueil de la structure de 49 à 80 places pour les chiens et de 20 à 30 places pour les chats à l’échéance du 20 mai 2020. Cet agrandissement permettra notamment de porter à 100 chiens la capacité d’hébergement de la fourrière actuelle, et dans la foulée de passer sous les fourches caudines de l’euthanasie 160 chiens par semaine contre 100 actuellement et 60 chats contre 40 actuellement, à raison de 20 €/en moyenne par animal euthanasié par le groupement de vétérinaires titulaire du marché.
Pour l’intercommunalité de l’Est de l’île, cette augmentation des capacités d’accueil de la structure serait dû au “sous-dimensionnement récurrent de la structure actuelle”. “Aujourd’hui, il y a 49 chiens pour 30 boxes”, a indiqué Nadia Tipaka, vice-présidente déléguée à l’environnement, venue ce lundi matin à la rencontre des militants. “Les associations rejettent toujours la faute sur les intercommunalités”, regrette-elle, pointant notamment du doigt “le civisme des gens”. “Nous faisons notre maximum”, a par ailleurs assuré l’élue, mettant en avant les opérations de stérilisations (lesquelles sont sous conditions). De quoi susciter la colère des militants, qui jugent les efforts largement insuffisants et redoutent des accidents.
Une pétition pour dire non à l’euthanasie
À l’initiative d’une pétition pour dire non à l’extension de cette fourrière (qui a déjà recueilli plus de 17 700 signatures), l’association Droit de Cité (Arche de Noé) demande aussi à la collectivité d’abandonner ce projet “au bénéficie d’une gestion raisonnée de l’errance animale sur le territoire de la Cirest, telle qu’elle avait été préconisée lors de l’élaboration du 1er Plan de Lutte contre l’errance animale il y a 20 ans”.
Dans son argumentaire, l’association rappelle à la Cirest son “non-respect” des préconisations du rapport de l’Association française d’information et de recherche sur l’animal de compagnie, commandé en 1998 par la Région Réunion de l’époque lors de la mise en place du premier comité de pilotage de la lutte contre l’errance canine. Des préconisations qui déclinaient le plan de lutte en trois volets : prévention et communication, stérilisation et euthanasie. “Avec deux remarques complémentaires de l’Afirac”, rappelle la pétition : que le plan de lutte “n’avait pas pour objectif de vider les rues de La Réunion de ses chiens” et que le volet euthanasie “ne devait pas être le levier de la gestion de l’errance”.
Droit de Cité rappelle à la Cirest, à l’instar des autres intercommunalités de l’île, qu’elle a placé en tête le volet euthanasie, soit “le contre-pied de ces préconisations (…) avec des chiffres d’année en année en constante augmentation”. En 20 ans le nombre d’euthanasies animales par habitant a ainsi doublé passant d’une euthanasie pour 153 habitants en 1998 contre une euthanasie pour 87 habitants en 2015.
Ceci au détriment du volet stérilisation avec seulement en moyenne 450.000 euros par an pour les 5 EPCI confondues, soit un budget (chiffres 2015) de 0,76 euros pour les habitants de la CIREST, 0,65 euros pour les habitants de la CINOR, 0,58 euros pour les habitants de la CASUD, 0,36 euros pour les habitants de la CIVIS et 0,29 euros pour les habitants du TCO.
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