đ·Bisik : Jadâ et GrĂšn SĂ©mĂ©, un moment dâĂ©ternitĂ© contre front froid et alizĂ©sâŠ
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La promesse Ă©tait belle et rien ne pouvait sâopposer Ă la nuit, ni front froid, ni alizĂ©s venus troubler ce dĂ©but dâĂ©tĂ© austral sur notre Ăźle⊠Comme promis, donc, la rencontre alternative a bien eu lieu hier soir au Bisik. Un rendez-vous hors des sentiers battus, mais jamais hors-sol, entre un public nombreux et avide de dĂ©couvertes et Jadâ, sylphide indocile du maloya Ă©lectro, puis GrĂšn SĂ©mĂ©, producteurs impavides dâun slam-rock engagĂ© et poĂ©tiqueâŠ
AccompagnĂ©e dâAlain Hoarau, câest Jadâ qui ouvrait cette soirĂ©e avec grĂące et Ă©lĂ©gance. La jeune femme aux influences multiples embrase la scĂšne sans complexe. Un fonnkĂšr pour ouvrir son set Ă©clectique⊠“DĂ©tak” pour redonner confiance en eux aux spectateurs timides qui dĂ©couvrent cette artiste, adepte des kabars. SpontanĂ©e et naturelle, Jadâ enchaĂźne ses crĂ©ations Ă©lectro-maloya avec une signature vocale unique qui rĂ©sonne dans la nuit.
Elle invoque le public et convoque les esprits de la musique avec passion. Elle chante et alterne les performances aux machines, kayamn et triangle⊠ses titres world, “Mama”, “Sort dan FĂ©nwar”, “OukilĂ©”⊠sĂ©duisent et la virtuositĂ© dâAlain Hoarau au clavier drape ces mĂ©lodies dans une joyeuses insolence. Un titre Neo Soul dâAlain Hoarau, “The firts one”, pour mĂ©tisser encore cette proposition originale, vient exciter les corps⊠et le public danse encouragĂ© par lâartisteâŠ
Impossible pour Jadâ qui revendique son extraction des sound systems de ne pas conclure sur un reggae, “convaincue” dâavoir rassemblĂ© les spectateurs et offert une magnifique prestation contre front froid et alizĂ©esâŠ
Poésie Rock et slam en apesanteur
MenĂ© par Carlo de Sacco, “formidable maĂźtre de transe et rocker citoyen” comme le qualifie TĂ©lĂ©rama, câest GrĂšn SĂ©mĂ© qui prend la suite de cette soirĂ©e dĂ©cidĂ©ment enragĂ©e!
Slam nerveux, poésie rock, maloya alternatif ou évolutif⊠Difficile de trouver un raccourci pour parler de la musique de GrÚn Sémé⊠et finalement tant mieux! Pourquoi en effet ne pas prendre le temps de profiter pleinement de cette formation atypique qui poursuit sa balade en apesanteur dans le village musical global avec brio depuis 2013.
Venu prĂ©senter au public son nouvel EP, “PoussiĂšre”, Michael Beaulieu, claviers, chĆur, Bruno Cadet, guitare, chĆur et Carlo De Sacco, chant, Kayamb, ont choisi pour cette aventure dâintĂ©grer deux nouveaux membres Ă lâĂ©quipe. Germain Lebot Ă la batterie, aux percussions et aux chĆurs, et RĂ©mi Cazal aux synthĂ©tiseurs, Ă la programmation et aux chĆurs.
Un nouveau voyage entre poĂ©sie rock, pulsations dub et rythmes ternaires oĂč tout en douceur, les sonoritĂ©s Ă©lectro viennent ajouter de la profondeur, offrir de nouvelles perspectives aux productions du groupe. Mais tout commence par “Hors Sol” un des titres phares du groupe, le titre Ă©ponyme de leur prĂ©cĂ©dent album qui a marquĂ© les espritsâŠ
Les titres sâenchaĂźnent avec les incontournables “Zamrosa”, “Ti Marik”, “ZazakĂšl” mais aussi les nouveaux titres qui trouvent un Ă©cho immĂ©diat auprĂšs du public conquis. “Je serais lĂ ”, “ZĂ©nĂšs” et “PoussiĂšre”, sans GaĂ«l Faye hier soir, mais tellement puissantâŠ
Les hallucinations auditives du dub, les ambiances street du slam ou la verve humaniste des poĂštes du rock français qui font lâessence de GrĂšn SĂ©mĂ© touchent au cĆur. LâĂ©nergie et la sincĂ©ritĂ© des musiciens transcendent leur musique unique.
Le public danse, ondule tel une vague de bonheur Ă lâĂ©tat bru traversĂ©e par Carlo et les siens au propre comme au figurĂ©. Un tumulte conscient qui sâinterroge sur autant de sujets sensibles qui agitent notre sociĂ©tĂ© et ça fait du bienâŠ
Car GrĂšn SĂ©mĂ© câest aussi une conscience poĂ©tique en butĂ©e aux mirages existentiels de la modernitĂ©, aux rĂȘves sous blisters, aux imaginaires normalisĂ©s.
Une façon de regarder le monde tourner sur lui-mĂȘme avec lâintelligence imprĂ©visible et la force morale dâun gamin qui interpelle, interroge et rĂȘve dâhumanitĂ©. Mauvaises graines, Ă©corchĂ© et sensible, GrĂšn SĂ©mĂ© continue de bousculer le rock français sans renier ses racines maloya avec une soif de partage jamais Ă©tanchĂ©eâŠ
Le concert touche Ă sa fin et câest un “Maloya GazĂ©” qui le conclue aprĂšs deux rappels enflammĂ©s.⊠Rendez-vous vendredi prochain, le 8 novembre, Ă partir de 20h avec Zanmari BarĂ© et son maloya dĂ©licat et puissant et Ziad Daroueche, fier reprĂ©sentant du bluesrock comorien.
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