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A Tubua’i, une carrière aurait produit des milliers d’herminettes

A Tubua’i, une carrière aurait produit des milliers d'herminettes
Tahiti, le 30 avril 2021 – Dans le cadre de sa thèse sur “les industries lithiques pré-européennes de Polynésie centrale”, évoquée dans la 6e édition des Dossiers d’archéologie polynésienne, Hermann Aymeric met un coup de projecteur sur l’archipel méconnu des Australes. Et notamment sur l’île de Tupua’i, dans la carrière de Tanataetea, dont la qualité de la roche, un filon de basanite à grain, aurait permis de produire des milliers d’herminettes.  

 

Avec une poignée de missions scientifiques au compteur, c’est l’une des régions les moins connues et certainement les moins documentées du fenua. Il faudra attendre la thèse de doctorat de Hermann Aymeric au sein de l’UPF entre 2010 et 2013 sur l’île de Tupua’i pour mettre un coup de projecteur sur les Australes. Mais s’il y a bien eu des fouilles organisées dans les années 1990, puis en 2007, elles n’ont jamais fait l’objet de suivies, ni de publication si ce n’est quelques “collections” et “notes de terrain” dispersées dans plusieurs universités du Pacifique.
 
A cela, s’ajoute les rares témoignages au moment du “Contact” avec les premiers Européens qui forment un “kaléidoscope de remarques, d’affirmations et de suppositions”. Reste cependant le récit détaillé des mutinés de la Bounty entre le 23 juin et le 14 septembre 1789 et les notes du missionnaire William Ellis, qui semblent évoquer une division de l’île “en au moins trois districts indépendants (…) pris dans de fréquents conflits politiques.”

Des prismes “faciles à extraire”
 
En parallèle, les prospections intensives réalisées en 2010 ont permis d’établir une première carte archéologique de l’île. Outre l’architecture cérémonielle “particulièrement intéressante” avec la présence de marae à ahu “relativement rares” et de marae à enclos, c’est le complexe de carrière-ateliers de Tanataetea (découvert par Manuari’i Doom) qui concentre l’attention des fouilles en août 2012. Un site “exceptionnel” par la qualité de la roche exploitée : “un filon de basanite à grain qui se présente sous la forme de prismes naturels faciles à extraire et à utiliser pour la confection de lames d’herminette”. Les Polynésiens ont ainsi flairé le filon dont l’exploitation sur plus de 3 000 m2 correspond à “la production de milliers d’herminettes”.
 
Dans le cadre de sa thèse sur “les industries lithiques pré-européennes de Polynésie centrale”, Hermann Aymeric, aujourd’hui chargé de recherche au CNRS, s’est donc focalisé sur la production de ces outils qui occupent une place centrale dans la culture polynésienne. L’étude des techniques de fabrication notamment devait permettre de “contextualiser les sites liés à l’extraction et à la transformation des matériaux lithiques utilisés.”

“Forte proximité“ avec les îles Cook
 
Si les cinq îles volcaniques forment aujourd’hui l’ensemble administratif des Australes, “rien ne laisse penser que les habitants de l’archipel puissent être historiquement associés à une même identité culturelle, linguistique, ou politique avant la constitution des Établissements français de l’Océanie”, note Hermann Aymeric dans un papier bilan. “Cultures matérielles, traditions techniques, réseaux d’échange, traditions orales sur les généalogies de chef et les réseaux de marae” : de nombreux indices et notamment les types d’herminettes, montrent effectivement une “forte proximité” avec les îles Cook et les îles de la Société.
 
Ce que la suite des recherches doit permettre d’éclaircir. Aujourd’hui, les travaux sur l’exploitation traditionnelle des ressources marines à Atiahara se poursuivent avec l’étude de l’outillage et des vestiges de la faune marine en collaboration avec Vahine Ahuura Rurua (UPF) et Philippe Béarez (MNHN). “Dans l’ensemble, très peu de ces sites sont encore bien conservés et les destructions vont bon train dans cette île qui voit une pression démographique et immobilière en hausse : il est donc urgent d’inventorier, d’étudier, et de protéger les sites encore identifiables”, alerte le chercheur. “A l’instar d’autres sites majeurs de Polynésie française (…), Atiahara constitue un contexte domestique clé dont l’étude permettra de mieux comprendre les modes de vie domestiques et les activités artisanales et de subsistances des premières sociétés de Polynésie orientale”.
 


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Source : https://www.tahiti-infos.com/A-Tubua-i-une-carriere-aurait-produit-des-milliers-d-herminettes_a200296.html

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