Anfiati Ousseni, la femme de ménage devenue chef d’entreprise
Rencontre avec le succès ! Le JDM vous propose une série de portraits d’entrepreneurs primés lors des Talents Mahorais 2014 de la BGE. Aujourd’hui, Anfiati Ousseni, la femme de ménage qui voudrait concurrencer les entreprises du secteur du nettoyage.
Anfiati Ousseni est heureuse et elle-même surprise de son parcours. C’est vrai que la vie ne lui a pas toujours fait de cadeaux. Pourtant son ambition était simple, avoir un quotidien plus confortable que ses origines ne lui laissaient espérer. Anfiati est originaire de la petite île de Mohéli. Elle est arrivée à Mayotte en 1992, avant le « visa Balladur », à une époque où effectuer la traversée depuis les Comores n’impliquait pas de se mettre en danger. Elle avait décidée de suivre l’exemple de son père, chef comptable à la Colas, et de sa sœur qui avaient fait leur vie dans le territoire.
Elle reste sept ans sans papiers avant de pouvoir régulariser sa situation administrative, la vie professionnelle peut alors vraiment commencer. Elle trouve rapidement des ménages à faire chez des particuliers et surtout auprès d’agences immobilières de Mayotte qui disposent de nombreux appartements à nettoyer. Et c’est d’ailleurs l’une d’elles qui va lui souffler l’idée, après 10 ans de bons et loyaux services : pourquoi ne pas monter une véritable société de nettoyage à destination des entreprises ?
La couveuse pour apprendre
Chiche ! Anfiati suit des formations, va chercher un appui du côté de la BGE puis de la couveuse d’entreprises Oudjérébou. « Ca m’a énormément servi. Ils m’ont aidé à monter les dossiers, j’ai appris à rédiger des contrats, à faire des factures… Je conseille à tous les jeunes de passer par là, c’est très important. Et puis, ils m’ont appris à gérer mon argent. Avant, quand l’argent rentrait, je dépensais tout ! »
Son entreprise « Ménage Extra » existe depuis le 11 novembre 2013, « extra, parce que je fais un travail extraordinaire », s’amuse-t-elle. Elle a déjà « 14 chantiers », bureaux, appartements, parties communes d’immeubles… Et surtout deux salariés qu’elle a rapidement embauchés pour faire face. A 42 ans, la voici chef d’entreprise !
Avancer
Très vite, les serpillères et les raclettes n’ont plus suffi. Elle s’est équipée d’un karcher puis d’une mono-brosse. « Il me reste encore à acheter une laveuse… ça coûte 5.000 euros mais je peux payer en trois fois », relève-t-elle. « J’aimerais continuer à m’agrandir même si les gens sont déjà habitués à traiter avec de grandes sociétés de nettoyage. Je continue à demander, toujours je demande ! » Elle va rapidement s’associer avec un autre entrepreneur pour pouvoir proposer une force de frappe plus importante et répondre, ensemble, à de « grands chantiers ».
Comme elle, ses six enfants avancent dans la vie avec des parcours prometteurs. L’ainé fait des études d’architecte en Métropole et les plus jeunes poursuivent brillamment leur scolarité. Des réussites encore plus importantes que la sienne. RR Le Journal de Mayotte