Consommation électrique : de record en record à la veille de l’Earth hour
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Le pic de consommation électrique à Mayotte a encore été pulvérisé ce mardi. Nous établissons chaque semaine de nouveaux records alors que ce samedi 28 mars, des millions de personnes dans le monde sont invitées à éteindre la lumière pendant une heure.
Economiser l’énergie. C’est le message que souhaite faire passer l’Heure de la Terre (Earth Hour), en demandant à des millions de personnes réparties dans 162 pays, d’éteindre la lumière pendant une heure ce samedi. Des monuments emblématiques comme la Tour Eiffel à Paris ou l’Empire State Building à New York devraient aussi basculer dans le noir.
A Mayotte, nous ne sommes pas invités à éteindre nos lampes ou nos climatiseurs, mais nous devons sérieusement réfléchir à notre consommation électrique. Car nous établissons chaque semaine de nouveaux records. Après celui du mercredi 18 mars, où la consommation électrique établissait une pointe à 48,34 MW (mégawatts), ce mardi 24 mars, Mayotte pulvérisait à nouveau ce chiffre avec 49,8 MW peu après 19 heures.
50 mégawatts en 2015, 100 mégawatts en 2027
Pour la première fois, une pointe au-delà des 50 mégawatts avant la fin de la saison chaude n’est donc pas à exclure. C’est traditionnellement pendant les mois de décembre, février et mars que Mayotte établit ses nouveaux sommets de consommation d’électricité, qui deviennent ensuite la norme.
Qui se souvient en effet que nous consommions moitié moins il y a à peine plus de 10 ans ? En 2004, la pointe enregistrée n’était que de 25,8 MW. Nous sommes donc sur un rythme de croissance de 7% par an qui pourrait ne pas faiblir. « Nous sommes sur un taux de croissance de pays en développement, beaucoup plus proche du taux de croissance indien que de celui de l’Ariège ! » relève Yacine Chouabia, le directeur d’EDM.
En effet, notre consommation devrait à nouveau doubler dans les 12 prochaines années. EDM prévoit que le cap des 100 MW en pointe sera atteint en 2027.
Les installations d’EDM vont donc devoir suivre. « Actuellement, nous avons une capacité installée de 80 MW. Et nous sommes dans un sacré rythme de développement. On termine à peine une centrale et il faut déjà remettre ça ! » constate Yacine Chouabia.
Quelle énergie en 2022 ?
Pour tenir ce rythme, il faudra en effet tenir l’objectif de 2018 pour la 2e ligne haute tension en direction du sud comme pour la nouvelle centrale qui doit voir le jour en 2022. Mais à quoi ressemblera-t-elle ? Avant la loi de transition énergétique de Ségolène Royal, une centrale thermique au diesel devait être construite, une « Longoni 3 », dans la continuité des 2 précédentes. La loi pourrait tout changer faisant entrer Mayotte dans l’ère des énergies renouvelables de masse.
Problème : nous ne disposons pas de cours d’eau pour de l’hydraulique ou de productions agricoles pour de la biomasse. « Nous avons exploré le gisements de courants ou d’éoliens. Et pour le moment, le triptique coût-efficacité-puissance n’intéresse pas les investisseurs », regrette Yacine Chouabia.
Les regards se tournent donc toujours vers Opera, la « super pile » qui permettrait une montée en puissance de l’énergie solaire.
En attendant de déployer de nouvelles technologies, EDM a repris depuis mi-janvier les tests sur ses nouvelles installations. Après avoir redéfini les procédures de test depuis fin décembre en collaboration avec EDF, ces essais se poursuivent sans que nous ayons connu de nouveau blackout. Mais il reste encore « plus d’un mois sensible » pendant lequel la nouvelle centrale et les nouveaux transformateurs seront encore en phase d’essais.
Débranche !
Comme nous continuons à nous équiper d’appareils électro-ménagers et de climatisations, EDM nous incite plus que jamais à utiliser les lampes à économie d’énergie, à préférer les ventilateurs aux climatiseurs, ou encore à débrancher les appareils en veille… autant de gestes qui allègent aussi nos factures. « Il faudrait que nous fassions un ‘Earth day’ toute l’année car, comme nous le disons souvent, la meilleure énergie, c’est celle qu’on ne produit pas », conclut Yacine Chouabia.
RR
Le Journal de Mayotte
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