Pointe-à-Pitre. Samedi 28 septembre 2024. CCN. Faut-il dire qu’avec ce film, que la France qui a toujours du mal avec son histoire ait décidé d’ouvrir une fenêtre sur cette part de son histoire coloniale : l’esclavage et plus précisément la chasse aux “neg mawon” telle que pratique durant toute la période esclavagiste.
“Ni Chaînes, ni Maîtres” est un film d’expression française, son réalisateur Simon Moutaïrou est un béninois et le film a été tourné à l’Ile Maurice.
Les spectateurs Afro-descendants dont les ancêtres ont été soumis en esclavage par les européens qu’ils soient Guadeloupéens, Jamaïcains, Haïtiens, Martiniquais…seront tous sensibles à l’histoire racontée. Car le réalisateur en abordant ce sujet qui a été longtemps occulté dans l’histoire de la colonisation remet en lumière, ce qu’ont subi tous ces africains esclavagisés et leur combat quotidien de nèg mawon pour survivre .
Le réalisateur qui s’est beaucoup inspiré des films de Christian Lara, de Guy Deslauriers, mais aussi de toute la littérature afro caribéenne qui traite de l’esclavage. Curieusement, le cinéma et la télévision américaines, ont été très prolixe sur l’esclavage. Personne n’a oublié “Racines” (1977), cette 1ére mini-série télévisée made in USA d’après le roman d’Alex Haley. Et puis, il y a eu de nombreux films américains tels que : La“Couleur Pourpre” (1985), “Amistad” (1997), plus récemment “Django Unchained” (2012) et “12 years a Slave” (2013).
Mais sur ce sujet le cinéma français est resté plutôt muet, car les français ont toujours tout fait pour tenter de passer sous silence leur histoire coloniale. (Qu’on se rappelle que le film américain “ Chevalier” (2023 ), lequel raconte l’histoire du musicien et épéiste Guadeloupéen Chevalier St George n’a jamais pu être diffusé en Guadeloupe.
“Ni chaînes, Ni Maîtres” est un film réaliste avec parfois des scènes d’une rare violence ; En fait le réalisateur n’a pas craint de choquer, car il a surtout voulu avec son film, montrer ce qu’a été le mawonaj des africains soumis en esclavage mais aussi les châtiments infligés par des maitres blancs, appliquant à la lettre les articles du “Code Noir”. C’est donc un film à voir pour ne jamais oublier ces pages douloureuses de l’histoire coloniale française. Et nous sommes totalement d’accord avec Simon Moutairou quand interrogé après la sortie du fim il dit “On n’a pas entendu le code noir, le travail forcé, les châtiments, le fonctionnement d’une plantation dans un film français depuis très très longtemps (…) Donc il fallait le montrer. Mais il faut qu’on ait le courage, tous ensemble, quel que soit notre âge ou notre couleur, de regarder notre passé et de l’assumer. C’est important, surtout pour la jeune génération. Dans une famille, dans une nation, il faut dire la vérité aux enfants, sinon c’est dysfonctionnel”.
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