Dani K, « international artist » mahorais reconnu en Angleterre

La danse, c’est la passion d’un jeune Comoro-Mahorais qui en a fait une réussite à Londres et à l’étranger. A 32 ans, il a déjà raflé des prix prestigieux.
« Quand on me demande d’où je viens, je ne sais pas quoi répondre ! » Et pour cause. Quand on remonte le temps, le petit Dani K, de son vrai nom Daniel Kamal, né en 1980 à Moroni (Grande Comore) a passé sa petite enfance en allers-retours entre son île et les destinations que couvraient les activités de commerce international de sa mère mahoraise. Une adaptation qui lui servira plus tard. Puis ce sera Marseille jusqu’à 11 ans et Pamandzi (Mayotte). Celui qui devait s’appeler Farid, auquel ses parents et son oncle préfèreront Daniel, passe son Bac à Mayotte avant de partir en Tech de Co à Bordeaux.
Après avoir travaillé deux ans chez France Télécom, il découvre l’Angleterre pour un stage. C’est le coup de foudre : « le portier était blanc, le directeur Indien, un cadre Maghrébin, le tout avec une ouverture d’esprit que je n’ai pas trouvé en France ». Il repart à Paris en 2006 décrocher un Bachelor business management et un Master 1 en Sciences économiques et gestion, avant de se donner 6 mois pour trouver un job à Londres.
Son niveau moyen d’anglais professionnel et un argent de poche « vite claqué », notamment dans des cours de salsa, l’incite à se lancer dans l’enseignement de la danse : « avec une heure de cours par semaine, je payais mon loyer ! » Et son travail est reconnu : Dani arrive rapidement à 4 heures de cours par semaine, « soit le salaire d’un Bac+4 débutant », s’amuse-t-il.
La réussite de l’étranger
Ses compétences d’entrepreneurs se réveillent et le poussent à monter une école de danse, Alcandanz, dans la capitale anglaise. Au bout d’un an, il obtient le prix du meilleur nouvel entrepreneur arrivant sur le territoire.
C’est le tremblement de terre d’Haïti qui va paradoxalement signer sa reconnaissance publique : « J’ai organisé une soirée caritative où étaient présents tous les promoteurs de danses Afro caribéennes et latines ». Il récolte 20.000 euros et obtient un nouveau prix.
Ensuite, c’est une réussite incontestée, au delà de ses espérances : en 2013, il est nominé aux Lukas Awards pour les cinq activités de sa société, enseignement de la danse afro caribéenne, DJ, organisateur d’évènements, école de danse et « performeur » (représentations), et remporte 4 awards, « c’était un peu grandiose », déclare-t-il de son délicieux petit accent pointu, pas aussi prononcé que Birkin, mais quand même…
Il n’en revient toujours pas, « certains sont présents sur la place depuis 10 ans et ne sont même pas nominés, et moi qui ne suis même pas anglais, je suis couronné à 32 ans »… Une manière de montrer que ça aussi, c’est l’Angleterre.
A vos claviers !
Et son école de danse en témoigne : « contrairement à la France », une expression qui revient souvent, « la société ne se limite pas à une salle, c’est plutôt une boutique en ligne. On emploie des enseignants en free lance et les clients n’ont pas d’abonnement à l’année, mais pour 10 cours ou deux mois, quitte à renouveler ou à s’orienter vers d’autres activités ». Il estime le turn over d’élèves à 1.200 à 1.300 par an.
Cette année, ce sont encore 4 de ses activités qui sont retenues en finale des Lukas Awards organisés par Amaranta Wright. Un concours qui représente tout le Royaume-uni, et où le vote du public compte pour moitié. « Ceux qui veulent me soutenir peuvent aller sur le site alcandanz.com ». Ils ont jusqu’au 6 avril pour le faire. Les Awards seront remis le 10 avril 2014 et retransmis en direct sur la BBC.
L’interview, Dani nous l’a accordée d’un aéroport, en partance pour la Croatie : « Je suis très souvent à l’étranger, la semaine prochaine en Belgique. C’est parfois lourd tous ces aéroports, mais dès que le cours de danse commence, la passion partagée avec les élèves prend le dessus ». An international artist, comme il se définit…
Anne Perzo-Lafond
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