Département : Ben Issa Ousseni joue carte sur table pour arrêter la grève
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« Et un, et deux, et trois zéro ». Ici pas de zéro, ni même un ou trois, mais il est bien question de six avancées, arbitrées lors d’une réunion tardive entre les représentants syndicaux du Département et l’exécutif, lundi 4 novembre au soir.
Je t’aime, moi non plus
Depuis plusieurs semaines, l’intersyndicale du Conseil départemental de Mayotte (FO, CFDT, CGTMa) s’est engagée dans un bras de fer musclé avec l’exécutif. Les précédentes négociations avaient échoué. Les syndicats faisaient état d’un mépris et d’un manque de considération ressentis lors des tentatives de négociations avec les représentants mandatés par le président : « Les représentants mandatés par le président pour mener ces négociations ont affiché une posture méprisante envers les représentants du personnel, refusant de prendre en compte les doléances légitimes exprimées par les agents. Cette attitude dénote un manque de considération pour les enjeux de fond portés par le personnel. », avaient-ils déclaré. Dans ce contexte, après une décision unilatérale, les agents grévistes et l’intersyndicale avaient opté, dimanche soir, pour la mise en place d’un durcissement du mouvement de grève en cours : « Nous avons décidé de durcir ce mouvement car le dialogue avec l’exécutif est devenu un langage de sourd. » Lundi soir, la venue du président du Département, Ben Issa Ousseni, à la table des négociations a apaisé les tensions. Plusieurs consensus ont été enfin trouvés.
Ben Issa Ousseni joue l’action-réaction
Pour Ben Issa Ousseni, il y avait urgence à agir. Pour une raison essentiellement pratique, en raison de la tenue du 14ème Forum économique des îles de l’océan Indien (FEIOI), au technopôle de Dembéni, qui le retiendrait une grande partie de la semaine. Ainsi, lundi soir, au cours d’une réunion qui a duré plus de quatre heures, le président du Département a insisté sur l’obligation de ressortir de la salle des négociations avec des consensus : « Je n’ai pas le temps de négocier pendant trois jours avec le Forum économique de Dembéni… Donnez-moi six points principaux qui bloquent et qui pourraient être débloqués », aurait-il déclaré d’après les syndicats estimant que Ben Issa Ousseni « s’est présenté avec un état d’esprit intéressant de responsable ».
Application des 1607 heures annuelles de travail et maintient des jours fériés religieux
La délibération du 10 octobre dernier actant la suppression des jours fériés consacrés aux fêtes religieuses musulmanes à Mayotte pour faire appliquer la règlementation sur l’obligation de travailler 1607 heures par an au sein de la collectivité, avait brusquement fait déborder un vase trop plein. À l’issue de la commission permanente, les élus avaient voté à l’unanimité pour la suppression des jours fériés dédiés aux fêtes de l’Aïd, du Maoulida et du Miradj. Lundi soir, il a été décidé que la durée annuelle du temps de travail dans la fonction publique, équivalente à 1607 heures, serait bien appliquée au sein du Département de Mayotte, mettant fin au rythme de 1568 heures de travail pratiquées jusqu’alors. Cependant, les jours fériés dédiés aux fêtes de l’Aïd, du Maoulida et du Miradj resteront fériés. « Les 1607 heures, ça n’est pas un blocage, on ne fait pas les heures suffisantes, il faut les faire. C’est juste qu’on ne voulait pas que les fêtes religieuses soient supprimées », déclare l’intersyndicale. Le dossier sera présenté en commission permanente le 13 novembre ou le 22 novembre prochain.
Un budget fléché pour la cité administrative
Le projet de construction d’une cité administrative intégrant l’ensemble des directions du Département a été remis sur la table. Après plusieurs années de réflexion, le Conseil départemental s’est engagé à flécher un budget pour cette cité, au début de l’année 2025. « L’actuel siège du Département sera une cité régionale, intégrant les services qui travaillent sur les missions régionales du département. La cité administrative de Coconi sera construite pour toutes les missions propres au Département, avec l’ensemble des unités de gestion », précise l’intersyndicale.
Hausse des tickets restaurant, révision du RIFSEEP, amélioration des conditions de travail des agents
Parmi les négociations, quatre autres sujets ont été arbitrés. Ben Issa Ousseni a affirmé que les tickets restaurant seront revus à la hausse dès le 1er janvier 2025 à hauteur de 10,50 euros, puis à partir de juillet 2025, les tickets-restaurant atteindront un montant de 11,25 euros. Par ailleurs, la révision de l’outil indemnitaire des fonctionnaires de l’État (RIFSEEP), qui comprend une indemnité de fonctions, de sujétions et d’expertise (IFSE) et un complément indemnitaire annuel (CIA) va être révisé. Les groupes de travail pour la révision de cet outil débuteront à partir de mi-janvier 2025 pour une durée de 6 mois. Enfin, Ben Issa Ousseni a demandé que 150.000 euros soient débloqués pour revoir l’ensemble des bâtiments, sites et équipements de protection individuelle (EPI) des agents de sécurité et d’hygiène du Conseil départemental.
La poussière sortie du tapis ?
Pour les autres problématiques soulevées au début du mouvement de grève, que nous avions révélées, le président du département a également demandé un calendrier permettant d’organiser des rencontres plus spécifiques à chaque service avec l’exécutif. À titre d’exemple, une réunion entre l’exécutif et les agents du SPM a été fixée au mardi 12 novembre. Les médiateurs mis à disposition du réseau de transports Transdev seront reçus par la direction mercredi 13 novembre prochain, de même que les agents de la brigade des tortues, à partir de 14h. « Le président a demandé à ce qu’un calendrier soit établi et présenté aujourd’hui, pour caler les sujets, avec les personnes désignées, telles que la vice-présidente du Département, Bibi Chanfi, pour caler des réunions de travail, qui serviront à négocier les points restants des revendications », mentionne l’intersyndicale. Ces avancées pourraient mettre fin à la grève. Lors d’une réunion de crise mardi matin, l’intersyndicale a annoncé une remise en marche des barges « pour un service minimum », avant de prochaines actualités.
Mathilde Hangard
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