
En ce premier jour du procès de Wilfrid Atapo, le président du tribunal correctionnel de Papeete a évoqué un dossier “hors-norme” en raison du “nombre de victimes” –une “centaine de mineurs”– ainsi que de la personnalité du prévenu, un homme doué de “fines connaissances en informatique” qui lui ont permis d’obtenir un “mode opératoire rôdé”. Le magistrat a rappelé que ce dossier devait également interroger les adultes sur le rapport que leurs enfants ont avec les réseaux sociaux.
Wilfrid Atapo, bien connu dans le monde de la nuit sous le nom de DJ Fred, comparaît depuis hier devant le tribunal correctionnel pour répondre de neuf infractions ayant fait des dizaines de victimes mineures. Entre 2013 et 2017, ce père de deux enfants, particulièrement doué en informatique, avait utilisé un site de phishing (hameçonnage) afin d’usurper les identifiants et les mots de passe de comptes Facebook qu’il utilisait ensuite pour entrer en contact avec des garçons et filles mineurs. Ils s’adressaient à ces derniers en leur demandant des photos à caractère sexuel et s’en servait ensuite pour les faire chanter. Lors d’une perquisition effectuée à son domicile, les enquêteurs avaient mis la main sur un important matériel informatique dont dix disques durs externes dans lesquels se trouvaient notamment des centaines d’images de mineurs dans des positions pornographiques.
Face à ce chapelet de traumatismes subis par les victimes, Wilfrid Atapo a fait preuve hier d’une grande froideur tout en reconnaissant les faits. “Je suis tombé dans mon propre piège, dans l’addiction. Car aujourd’hui, tout le monde est connecté, c’est facile d’obtenir des informations”, a-t-il déclaré à la barre.
Appelé à réagir à ce constat, Wilfrid Atapo a indiqué à plusieurs reprises qu’il ne savait “pas quoi dire”, qu’il ignorait “comment réagir”. Alors que le président du tribunal lui rappelait la tentative de suicide de l’une des victimes mineures, DJ Fred a simplement répondu qu’il ne pensait pas à l’époque que les choses pouvaient aller aussi loin. L’homme, très détaché, a cependant indiqué que sa position avait changé depuis une récente hospitalisation. Après deux jours de coma, il a indiqué qu’il avait commencé à “prendre conscience de la gravité des faits”. Il a aussi concédé que le fait de rencontrer des mineurs pour avoir des relations sexuelles avait pu constituer un “fantasme”.
Selon l’expert-psychiatre qui l’a examiné, Wilfrid Atapo ne souffre pas de pathologie. Il présente cependant les traits d’un “pervers narcissique” qui manque d’ “empathie” et pour lequel “tout paraît être un jeu”. DJ Fred a un “sens grandiose de son importance” et se pense “spécial et unique”. Au regard de son “absence de conscience du caractère répréhensible des faits”, Wilfrid Atapo présente un “risque important de récidive”.
Le procès s’achèvera demain avec les réquisitions du procureur de la République et la plaidoirie de l’avocat de Wilfrid Atapo. Le prévenu, jugé en état de récidive légale pour avoir déjà été condamné en 2015, encourt 20 ans de prison.
Source : https://www.tahiti-infos.com/DJ-Fred-le-proces-de-la-cyber-pedopornographie_a186420.html