François Bayrou promet “des engagements concrets et précis” pour Mayotte
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C’est par une série d’annonces que le Premier ministre François Bayrou a clos sa visite de ce lundi, seize jours après le cyclone Chido.
Ce lundi soir, François Bayrou a pris la parole au siège du conseil départemental de Mayotte, à Mamoudzou. Il a annoncé des “engagements concrets et précis” pour répondre à l’après-Chido, à la suite d’une visite concentrée sur Petite-Terre et Mamoudzou. Ce “Mayotte debout” comprend des mesures de l’électricité, l’eau, la communication, les déchets, les écoles ou même des financements sous la forme de prêts garantis par l’État. Interrogé sur la prise tardive de certaines d’entre elles, le Premier ministre a répondu que “pour faire venir des groupes électrogènes, il faut quinze jours, il faut aller chercher, les embarquer, donc oui, ça prend du temps. Une catastrophe de cette ampleur, c’est sans précédent. Je ne connais pas de catastrophe aussi grave depuis la Seconde Guerre mondiale. Tout est à reconstruire. Donc pour moi, quinze jours, c’est le temps nécessaire pour mobiliser les moyens”.
Il promet également “une loi dans les trois mois” et une mission de recensement pour “sortir des ambiguïtés et des incohérences”.
Électricité
Le Premier ministre impose un délai d’un mois pour rétablir le courant pour l’ensemble du territoire (54% ce lundi). Cela nécessitera des renforts en accompagnement des artisans locaux. 200 groupes électrogènes vont être fournis par EDF avec une moyenne de dix par commune. Des “commandos” vont voir le jour dans chaque commune sous l’autorité des maires et avec des employés d’Électricité de Mayotte. C’est une vingtaine d’agents EDF qui seront chargés “dans la semaine d’organiser ces commandos”.
Eau
Le même délai est demandé aux acteurs de l’eau pour rétablir l’eau dans les foyers, qui bénéficiera d’une intervention de l’armée dès la semaine prochaine. Un objectif de 40.000m3 par jour est fixé pour “le 30 juin 2025”, soit la production jusqu’alors habituelle, avant “une mise à niveau”. Il confirme l’investissement de soixante millions d’euros dans le cadre du plan eau, la construction prochaine de l’usine de dessalement et des avancées pour la retenue collinaire d’Ourovéni.
Communication
Alors que le réseau téléphonique enregistre toujours des difficultés, 200 antennes de Starlink vont être déployées sur l’île. Le gouvernement veut aussi “qu’une solution 5G d’ici fin juin à faire”. Pareil pour la fibre optique, alors que son déploiement vers les particuliers se fait attendre, l’État espère qu’il soit fait dans les deux ans.
Bâtiment
“140 tonnes de bâches dans la semaine” sont annoncées, en plus des 100 tonnes déjà livrées pour couvrir les toitures abîmées par le cyclone. François Bayrou annonce l’acheminement de charpente métallique en urgence avec des prix bloqués et des ateliers pour assembler sur place.
Aéroport
Les vols commerciaux sont suspendus jusqu’à ce mardi 31 décembre. Selon le Premier ministre, ils pourront bien reprendre dès ce 1er janvier. En parallèle, les personnes bloquées hors Mayotte, notamment au Kenya, pourront être rapatriés dès ce mardi.
Financement
Un prêt garanti par l’État (PGE) et octroyé par la Banque des territoires à destination des familles mahoraises va être créé. Son taux d’intérêt sera maintenu à 0% pendant les cinq premières années.
Activité économique
Plusieurs dispositifs sont déjà prévus. Il n’y a pas de cotisations pour les entreprises jusqu’au 31 mars 2025. Une aide exceptionnelle va être accordée, tandis que l’activité partielle va pouvoir être mise en place avec “un traitement en 72 heures”. Une zone franche globale va être créée pendant cinq ans pour faire redémarrer l’économie.
Pour les exploitations agricoles, des bâches vont être données pour protéger les cultures, tandis que des fonds européens serviront à l’indemnisation. La Mutualité sociale agricole (MSA) promet déjà une aide de 1.000 euros par agriculteur.
Urbanisme
Une révision de la politique de la ville est promise pour y intégrer tout Mayotte. Alors que le sujet a été plusieurs fois abordé avec les élus, le gouvernement a affirmé vouloir “empêcher la construction des bidonvilles”, même si celle-ci est déjà bien entamée.
Un nouvel établissement public va voir le jour avec à sa tête une personnalité à partir du 3 janvier. Celui-ci “absorbera” l’établissement public foncier déjà existant (Epfam). Une évaluation des dégâts est prévue jusqu’à la fin janvier.
Écoles
La rentrée scolaire se fera “établissement par établissement”, sachant que l’état de dégradation des bâtiments scolaires est variable. Dans le secondaire, la priorité sera donnée aux élèves qui passent des examens. Une “scolarité temporaire est possible dans l’Hexagone” sera accordée à des parents qui en feront le souhait. Au rectorat de Mayotte, des demandes sont déjà faites en ce sens. “La réparation des écoles du premier degré sera entièrement pris en charge par l’État”, assure le Premier ministre, qui ajoute que des tentes-écoles peuvent être fournies dès cette semaine.
Il en appelle à la solidarité pour des dons de matériel. Côté enseignants, un plan pour attirer des volontaires va être mis en place et sera ouvert aux étudiants et retraités.
Sécurité
300 gendarmes et policiers auxiliaires mahorais vont être formés pour renforcer la présence des forces de l’ordre sur l’île. Des brigades sont annoncées à Bandrélé et Dzoumogné. Pour lutter contre l’immigration illégale, un renforcement des brigades nautiques avec des drones et des bases avancées est promis. Pour sécuriser les établissements scolaires qui sont actuellement pillés, “un plan de vigilance” sera élaboré avec l’armée et la gendarmerie.
Santé
L’hôpital de campagne de Cavani est prévu pour “un mois” en attendant que l’hôpital de Mamoudzou soit remis sur pied. Outre un nouvel appel à la réserve sanitaire, l’État espère développer des parrainages avec d’autres centres médicaux. “Une soixantaine d’équipes santé secours” va être mise sur pied pour faire du aller vers. Un plan d’attractivité doit permettre de recruter médecins, sages-femmes et d’autres spécialités manquantes aujourd’hui au centre hospitalier de Mayotte. Un deuxième institut de formation aux soins infirmiers (Ifsi) est aussi promis.
Déchets
Pour ce sujet, le gouvernement s’en tient au plan de la préfecture de Mayotte. Les déchets ménagers devront être traités “en un mois”, des déchets lourds comme la ferraille feront l’objet de tri. Et quant aux arbres tombés, un plan de valorisation par la biomasse pourrait être mis en place.
“Pourquoi je dois continuer à faire de la garderie ?”
Voulant récupérer ses écoles et stopper l’aide aux sinistrés, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, a assumé son choix face au Premier ministre, faisant le lien avec l’incendie de l’école primaire à Kawéni, ce lundi. “Pourquoi je dois continuer à faire une garderie ? On a distribué 50.000 repas, 30.000 bouteilles d’eau. La République doit nous protéger, sanctuariser les écoles”, estime le premier magistrat de la commune chef-lieu.
Questionné après sa prise de parole sur le sort des sinistrés, le Premier ministre répond qu’il faudra “ouvrir des centres d’accueil. On va les mettre en place avec des ONG. On ne peut pas laisser reconstituer les bidonvilles”. Quelques minutes avant, face aux élus, il avait dit qu’une mise à l’abri pouvait être suivie d’une reconduite à la frontière.
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