Frontières ouvertes, syndicats fermés
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Pour la fête du travail, le gouvernement n’a pas dérogé samedi matin à la traditionnelle rencontre avec les syndicats de salariés. A la présidence, les organisations ont été reçues les unes après les autres, dans le salon d’honneur. Chacune pour un entretien d’une heure environ, en tête à tête avec l’exécutif. La CSTP-FO a ouvert la marche. Puis dans l’ordre, devaient se succéder jusqu’à la mi-journée les confédérations A tia i mua, CSIP, Otahi et O oe to oe rima. Cette dernière était représentée par des secrétaires généraux de trois fédérations professionnelles, Atonia Teriinohorai, le secrétaire général de la confédération étant “empêché”.
Pas d’empêchement, mais un boycott, cette année pour la CSIP. Cyril Le Gayic s’en explique sans mal : “Si c’est pour aller regarder le gouvernement les yeux dans les yeux, ce n’est pas la peine. On a déjà fait part de nos avis.”
Les rencontres se sont déroulées à huis clos. Au nombre des sujets d’actualité abordés : le chantier de la réforme du système de la Protection sociale généralisée (PSG) ; la réflexion en cours depuis plusieurs mois sur la réforme du code du travail polynésien ; la mise en œuvre de la loi sur la protection de l’emploi local ; la création d’un fonds d’allocation pour perte d’emploi.
“Le président et son gouvernement se sont montrés attentifs et ouverts aux doléances des organisations syndicales qu’Édouard Fritch a estimé constructives sachant que le dialogue social engagé sous l’égide de la ministre du Travail a déjà permis de faire avancer de nombreux dossiers”, se targue un communiqué officiel diffusé dans l’après-midi. “Les sujets ont été variés et nous les avons abordés de manière constructive”, estime pour sa part la ministre du Travail, Nicole Bouteau.
Mais difficile en ce 1er mai 2021 d’occulter la question de la réouverture des frontières. Et le sujet s’est naturellement invité à cette traditionnelle rencontre syndicats-gouvernement. D’autant que les partenaires sociaux ont déjà exprimé leurs craintes à l’exécutif, dernièrement.
Mi-avril, une intersyndicale CSIP, CSTP-FO, O oe to oe rima, Otahi était monté au créneau, après la confirmation de la réouverture progressive des frontières de la Polynésie. Dans une lettre adressée au président Fritch et au haut-commissaire, ce collectif demandait à Édouard Fritch son avis sur le “renouvellement annuel d’une partie des fonctionnaires d’État” susceptible d’être une nouvelle fois un facteur d’introduction du virus ou encore sur “la mise en place d’un passeport vaccinal obligatoire pour tous les passagers (…) débarquant en Polynésie”.
Un protocole insuffisant pour trois des quatre syndicats reçus samedi. La CSTP-FO, A tia i mua et Otahi réitèrent leur demande d’une vaccination obligatoire avant l’embarquement, comme cela est exigé aux touristes américains. “Nous allons avoir 600 touristes qui vont arriver par semaine. Ils sont vaccinés. On va aussi avoir autour de 900 étudiants qui reviennent et 2 000 fonctionnaires d’État qui arrivent avec un motif impérieux pour les remplacements. C’est de ceux-là dont on a peur”, a commenté Patrick Galenon. Pour les fonctionnaires d’État, la CSTP-FO propose même, comme en mai dernier, que la mission des agents actuellement en poste soit prolongée d’un an. “On nous dit que ce n’est pas possible. J’espère qu’il n’y aura pas de problème. Mais l’expérience de l’année dernière nous enseigne que dans deux ou trois mois on risque d’avoir des problèmes. Près de 11 milliards ont été dépensés par le Pays pour aider les entreprises et les salariés en difficulté. S’il y a une deuxième vague, j’ai peur que ce soit difficile.”
“A tia i mua reconnaît que nous sommes sur des protocoles renforcés, avant, à l’arrivée et pendant le séjour des voyageurs qu’ils soient résidents ou non-résidents”, a relativisé Nicole Bouteau. “Évidemment les syndicats nous appellent à la vigilance. Mais le président l’a répété : la protection sanitaire de la population est une priorité et la réouverture des frontières, c’est-à-dire la relance de notre économie, est une nécessité.”
Sous couvert de l’affiliation de son syndicat professionnel à O oe to oe rima, Vatea Heller choisi la tactique du pas de côté : “On a élu des décideurs. Ils décident. On ne veut pas rajouter de la polémique à la polémique”. Mais Patrick Galenon l’a martelé à l’issue de la rencontre avec le gouvernement : “le président a fait son pari. Je souhaite de tout cœur qu’il soit gagnant.”
Source : https://www.tahiti-infos.com/Frontieres-ouvertes-syndicats-fermes_a200353.html
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