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Gestion des déchets : blocage des maires !

A peine est-elle Région européenne ultrapériphérique (RUP) que Mayotte se met en porte-à-faux vis à vis de l’Union européenne. Bien qu’ils s’y soient engagés, les maires* ont refusé de voter leur participation au financement du traitement des déchets.

Bassins d'eaux pluviales de l'ISNDN

Bassins d’eaux pluviales de l’ISNDN

Ce sont 8,5 millions d’euros que l’Union européenne a financé pour que Mayotte se dote d’un Centre des déchets aux normes. Appelé Installation de Stockage des Déchets Non Dangereux (ISDND), il est en cours de finition pour recevoir l’ensemble des déchets non valorisables de l’île. Il a été confié à un Syndicat unique de traitement des déchets, le SIDEVAM*, qui doit récupérer cette année la compétence de la collecte, assumant ainsi l’ensemble de la filière. Il faut donc bien différencier la collecte des déchets de leur traitement.

La collecte est actuellement organisée par des syndicats intercommunaux actuels, SIVOM, du nord, du Centre et du Sud, qu’il faut donc dissoudre. Madi Saïd, président du SIDEVAM, s’est engagé à en reprendre l’ensemble du personnel, pléthorique, ainsi que l’actif et le passif.

Les maires, qui n’entendaient pas assumer cette charge de personnel supplémentaire, s’étaient engagés à cofinancer dès 2014, le traitement de leurs ordures auprès du SIDEVAM, ce qui représente 20 euros par an et par habitant. Mais ils ont refusé de délibérer dans ce sens samedi, lors d’un Conseil syndical.

Madi Said avait obtenu une Marianne d'or en 2013 pour le tri des déchets

Madi Said avait obtenu une Marianne d’or en 2013 pour le tri des déchets

Ils invoquent le coût pour leurs administrés, alors que les élections municipales doivent se tenir en mars. Or, les calculs montrent que la reprise en main par le SIDEVAM ne devrait pas grever le porte monnaie des ménages, et pourrait même l’alléger.

En effet, actuellement, la taxe prélevée pour la collecte par les SIVOM peut avoisiner 90 euros par an et par habitant pour certaines communes, moins pour d’autres. La mise en place de la Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères en 2014, coïncidant avec le fermeture des SIVOM, a incité le SIDEVAM à tenter une première estimation : la participation de chaque habitant serait abaissée à 60 euros par an pour la collecte des déchets. En rajoutant les 20 euros exigés pour le traitement, certains sont gagnants, d’autres à peine perdant, il s’en faut de quelques euros…

Un enjeu électoral néfaste à l’échéance européenne

Ce report de fonctionnement aura plusieurs impacts. Le premier d’entre eux concerne l’engagement financier de l’Europe dans l’ISDND, qui va demander des comptes, et exiger le remboursement des fonds investis auprès du Conseil général et des collectivités.

Ensuite, la Star, gestionnaire, va commencer à exploiter le site en facturant ses interventions, grevant le budget du SIDEVAM en l’absence de recettes. Certains maires ne s’en émeuvent pas, au contraire, pas plus que les adversaires de Madi Said aux prochaines municipales…

Enfin, le nouveau statut RUP de Mayotte implique le respect des normes d’hygiène sous contraintes de pénalités qui seront immédiatement imputées sur le budget national…
L’image de Mayotte s’en trouvera ternie pour longtemps, surtout que l’Etat y laisse des billes avec notamment la fourniture de quais de transfert.

Décharge actuelle (à gauche) et ISDND (à droite)... un impact positif sur les eaux souterraines

Décharge actuelle (à gauche) et ISDND (à droite)… un impact positif sur les eaux souterraines

Les maires ont donc trahi leur engagement, eux qui s’étaient pourtant engagés sur cette participation. En tant que « Mahorais qui avait décidé de prendre [son] bâton de pèlerin pour défendre l’intérêt général » comme il se définit, Madi Saïd cache mal son découragement lui qui avait organisé des réunions de concertation préalables, auxquelles très peu de maires avaient répondu. Selon lui, le réveil risque d’être difficile, « le préfet a envoyé les arrêtés de fermeture des décharges actuelles. C’est donc devant les mairies que vont être entreposés les déchets ! »

Outre ce problème financier, la mise en chantier du site de Dzoumogné est retardée par deux problèmes techniques : un état des lieux non transmis totalement par le Conseil général au SIDEVAM qui ne peut donc palier les quelques déficiences relevées, et la non conformité de trois piézomètres (appareil servant à mesurer la pression des nappes aquifères en amont et en aval du site) sur cinq.

Une défection qui ne manquera pas d’intéresser Thierry Repentin, ministre aux Affaires européennes, en visite à Mayotte les 13 et 14 février.

Anne Perzo-Lafond

* Sont adhérentes au SIDEVAM toutes les communes sauf Tsingoni, Bandraboua et Chirongui

Source : http://lejournaldemayotte.com/?p=7623

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