Grève : Favoritisme et négligence, le constat des syndicats du Conseil départemental
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C’est une délibération du 10 octobre dernier actant la suppression des jours fériés consacrés aux fêtes religieuses musulmanes à Mayotte qui fait brusquement déborder un vase trop plein. À l’issue de la commission permanente, les élus votent à l’unanimité pour la suppression des jours fériés dédiés aux fêtes de l’Aïd, du Maoulida et du Miradj. Dans un contexte tendu depuis plusieurs semaines, l’intersyndicale du Conseil départemental a déposé un préavis de grève illimité à compter du 28 octobre 2024.
« Ceux qui partent n’ont plus la force de rester »
Réunis au sein du Comité Social Territorial, les représentants syndicaux avaient pourtant alerté l’exécutif plusieurs semaines auparavant sur l’état de la situation sociale, économique et administrative du Conseil départemental. « Nous avons mis en alerte la direction par des écrits mais il n’y a pas d’écoute, il n’y rien. Ceux qui partent n’ont plus la force de rester, ceux qui restent veulent résister. Mais on va où ? », s’alarme Saïd Hachim (CFDT). Depuis plusieurs mois, des cadres du Conseil départemental partiraient pour rejoindre d’autres organisations du territoire, telles que la CADEMA, l’EPFAM, des mairies ou encore des associations, faute d’un cap clair sur la stratégie du Département mais aussi d’injustices.
« Il n’y a pas de cap »
« Les gens ne veulent pas s’organiser. Il n’y a pas de projet au Conseil départemental. Appelez trois élus au hasard de la majorité, pour leur demander quelles sont les priorités du Département en matière d’aménagement par exemple, la réponse c’est rien. Un bateau qui n’a pas de cap n’arrive pas à destination », dénonce le représentant syndical. Un des exemples de ce manque de gestion, de suivi et d’investissement, est l’absence de permis de navigation pour les barges, qui continuent de transporter chaque jour des passagers entre Grande-Terre et Petite-Terre, sans autorisation, suggérant à la bouche de tous les interlocuteurs de ce vieux dossier, la rêve d’une privatisation de la STM.
Mais si la liste des maux au sein de l’instance départementale est longue, c’est surtout la mise en œuvre d’un système fondé sur des injustices qui est dénoncé par les organisations syndicales.
Un système au profit des uns et pas des autres ?
Proches favorisés, connaissances placées arbitrairement, course à l’enrichissement, sont les motifs de fond qui conduisent l’intersyndicale à se manifester. Selon les représentants syndicaux, de nombreux agents seraient évincés de certaines décisions et projets, payant l’injuste prix d’une mise au placard, faute de ne pas appartenir à la même famille ou même groupe de connaissances de l’élu décideur. Obnubilés par la conquête du pouvoir et le profit d’argent, de nombreux élus profiteraient ainsi d’un système sans limites. « Je suis un élu, je veux mettre mon poulain, qui va répondre à mes injonctions pour mon bien mais pas pour le territoire. Le mandat arrive à sa fin, je grapille où je peux, j’essaie de me faire réélire, de m’enrichir. Il y a un profond malaise au sein du Département de Mayotte », dénonce Saïd Hachim.
« La grève risque de se durcir »
D’après le représentant CFDT, aucune réunion ne serait pour l’heure prévue avec l’exécutif. En vain, nous avons tenté de joindre son président, Ben Issa Ousseni. La grève illimitée pourrait perturber de nombreux services du département, notamment les rotations des barges mais aussi les transports routiers : « La grève risque de se durcir et impacter des zones stratégiques. À ce stade, rien n’est écarté. »
Mathilde Hangard
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