Guadeloupe. L’économie sociale et solidaire, une économie symbole de nos valeurs
Guadeloupe. L’économie sociale et solidaire, une économie symbole de nos valeurs
Pointe-à-Pitre. Lundi 18 novembre 2024. CCN. L’économie sociale et solidaire (ESS) en Guadeloupe s’est construite à travers plusieurs étapes et a évolué en réponse aux besoins socio-économiques spécifiques de l’archipel.
Le développement de l’ESS en Guadeloupe a commencé dès le début du 20e siècle, avec la création des premières coopératives agricoles et mutuelles de santé. Ces initiatives visaient à soutenir les petits producteurs locaux, qui avaient peu accès aux marchés et subissaient les fluctuations des prix agricoles, et à offrir des solutions de santé plus accessibles aux populations éloignées du système classique.
Par la suite, dans les années 1970 – 1980, nous avons assisté à l’apparition des associations et de l’implication sociale. La crise économique et les défis socio-économiques de cette période ont favorisé l’émergence d’associations dédiées à la solidarité et à l’entraide. Les associations de quartier et les organisations de jeunesse se sont multipliées pour répondre aux besoins des familles et jeunes en difficulté, renforçant ainsi la cohésion sociale dans les zones vulnérables de l’île.
Dans les années 1990, les structures de l’ESS ont commencé à se diversifier et à se professionnaliser. Des entreprises sociales sont nées pour fournir des services dans les domaines de l’éducation, de l’insertion professionnelle, et de la culture. Les collectivités locales ont aussi reconnu l’importance de l’ESS dans le développement local et ont apporté un soutien financier à plusieurs projets communautaires.
De plus, la loi de 2014, qui reconnaît officiellement l’économie sociale et solidaire en France, a marqué un tournant pour l’ESS en Guadeloupe. Cette loi a permis de formaliser et de renforcer le secteur, en définissant ses principes et en créant un cadre favorable à son développement. Elle a également abouti à la création de structures de soutien telles que les Chambres Régionales de l’ESS (CRESS), dont celle de Guadeloupe, qui jouent un rôle clé dans l’accompagnement et la promotion des initiatives locales
L’ESS comme levier de développement l
Aujourd’hui, l’ESS en Guadeloupe représente environ 10 % de l’emploi local et est un acteur majeur dans la réponse aux défis sociaux et environnementaux du territoire. L’ESS contribue au développement durable en favorisant des initiatives dans des domaines tels que l’agroécologie, les énergies renouvelables, l’inclusion sociale, et la santé communautaire
En somme, l’ESS en Guadeloupe a évolué de la solidarité informelle vers un secteur institutionnalisé et soutenu, jouant un rôle crucial dans l’économie locale. Ses valeurs d’entraide et de responsabilité sociale en font un levier essentiel pour le développement harmonieux et inclusif de l’archipel.
L’Économie Sociale et Solidaire : Un modèle économique au service de l’humain et du territoire
L’Économie Sociale et Solidaire (ESS) regroupe des entreprises et des organisations dont les activités sont fondées sur des valeurs de solidarité, d’équité et de démocratie. Contrairement aux entreprises traditionnelles qui placent le profit financier en priorité, les structures de l’ESS — associations, coopératives, mutuelles, entreprises et fondations — se distinguent par une gouvernance collective et un engagement à réinvestir la majorité de leurs bénéfices dans leurs projets sociaux ou environnementaux.
La Guadeloupe possède un écosystème ESS dynamique avec 1083 structures employeuses et près de 12 000 emplois, soit 14% de l’emploi privé du territoire. Ces structures interviennent dans des domaines variés comme l’insertion, la culture, l’accompagnement social, et l’environnement, répondant ainsi aux besoins spécifiques de la population guadeloupéenne. En Guadeloupe, l’ESS joue un rôle central dans la réponse aux défis économiques, sociaux et environnementaux propres à notre territoire.
L’ESS représente un modèle d’avenir en Guadeloupe, avec des enjeux stratégiques importants :
– Création d’emplois : Le secteur de l’ESS génère de l’emploi local et inclusif, en particulier pour les personnes éloignées du marché du travail. Des structures d’insertion par l’activité économique permettent aux personnes en difficulté sociale et professionnelle (notamment bénéficiaires de minima sociaux ou demandeurs d’emploi de longue durée) d’accéder à un emploi et à la formation.
– Soutien à l’économie circulaire : En valorisant les circuits courts et les produits locaux, les structures de l’ESS contribuent à une économie plus respectueuse de l’environnement. Les ressourceries offrent par exemple des vêtements, du mobilier de seconde main accessibles à tous les budgets et permettant de limiter la production de déchets.
– Développement de services de proximité : Les initiatives ESS répondent aux besoins spécifiques des populations, notamment en matière de santé, de mobilité et d’éducation, souvent dans les zones où l’accès aux services est limité. Parmi les projets ESS notables figurent :
La plateforme MOB’Îles, soutenu par le Conseil Départemental et l’association Solidarités SOS, qui facilite la mobilité pour les résidents, en particulier pour les bénéficiaires du Revenu de Solidarité Active (RSA). La plateforme propose des solutions de covoiturage, de location solidaire (vélos, scooters, voitures électriques), et des transports adaptés pour aider les usagers à accéder plus facilement à des services essentiels, des emplois, et des formations. Cela permet aussi de lever les barrières à l’insertion professionnelle pour les personnes éloignées de l’emploi. L’association Solidarities SOS a aussi lancé une auto-école solidaire pour offrir des formations à coût réduit aux personnes socialement vulnérables. En combinant accompagnement social et apprentissage, cette initiative soutient l’autonomie des personnes et renforce leur capacité à se déplacer et à s’insérer dans la vie active.
Les mutuelles, qui jouent un rôle fondamental dans l’économie sociale et solidaire (ESS) en France et en Guadeloupe, car elles contribuent à renforcer la solidarité sociale et l’accès aux soins, particulièrement pour les populations les plus vulnérables. Elles s’inscrivent dans un modèle de gestion collective, où chaque adhérent participe à la prise de décision, ce qui les distingue des entreprises d’assurance classique. Ce modèle coopératif et démocratique leur permet d’offrir des services de santé et de prévoyance plus inclusifs, en respectant des valeurs de solidarité et d’équité, deux piliers essentiels de l’ESS. Les mutuelles, comme celles regroupées sous la Mutualité Française, soutiennent la promotion de la santé publique, l’accès aux soins de qualité, et le financement d’initiatives locales en matière de prévention et d’éducation à la santé. En Guadeloupe, ces mutuelles jouent aussi un rôle de proximité en finançant des actions de sensibilisation sur des thématiques de santé et en participant à des initiatives d’accompagnement, comme le Mois de l’ESS, pour favoriser la santé dans les communautés locales. Leur engagement inclut souvent des partenariats avec d’autres acteurs de l’ESS, comme les associations et les coopératives, permettant de maximiser leur impact social.
– Innovation sociale : En plaçant l’humain au cœur de leurs actions, les entreprises de l’ESS innovent pour offrir des solutions adaptées aux défis sociaux et environnementaux. On peut citer par exemple :
L’expérimentation Territoire Zéro Chômeur Longue Durée (TZCLD) qui vise à proposer un emploi à tous ceux qui en sont privés durablement, sur des territoires qui se déclarent volontaires. A partir des compétences, savoir-faire et souhaits des personnes privées durablement d’emploi, il s’agit de développer, via des entreprises à but d’emploi (EBE), des activités utiles au territoire et non concurrentes, répondant aux besoins non satisfaits et articulant mieux-être social des personnes, cohésion sociale et transition écologique.
Les Pôles Territoriaux de Coopération Economique (PTCE) – dont 6 existent en Guadeloupe – sont aussi porteurs d’innovation sociale à travers le regroupement d’entreprises de l’ESS, qui s’associent avec des collectivités locales, des centres de recherche, et organismes de formation, pour mettre en œuvre une stratégie commune et continue de coopération et de mutualisation au service de projets
La CRESS-IG : Un acteur central de l’ESS en Guadeloupe
La Chambre Régionale de l’Économie Sociale et Solidaire des Îles de Guadeloupe (CRESS IG) est une institution clé dans le développement et la promotion de l’ESS sur notre territoire. Elle rassemble les entreprises et réseaux de l’ESS, pour assurer la promotion et le développement de l’ESS sur le territoire régional. La CRESS-IG a pour mission d’animer, de fédérer, de représenter et d’accompagner les acteurs de l’ESS au niveau local. Elle a été créée en 2015.
Elle fait partie du réseau national des CRESS coordonné par le Conseil national ESS France et est appuyée dans ses missions, par la Délégation nationale des CRESS en Outremer.
En tant qu’organisme représentatif, la CRESS-IG accompagne les porteurs de projets et soutient les structures de l’ESS dans leur développement, tout en favorisant la mise en réseau et la formation. Elle œuvre, aux côtés de la région, de l’Etat, du département et d’autres partenaires pour structurer ce secteur et créer des synergies entre les acteurs locaux, les collectivités et les institutions nationales.
Les enjeux et perspectives : Faire de l’ESS un levier de développement économique
Les défis pour l’ESS en Guadeloupe sont nombreux : renforcer l’emploi local, répondre aux besoins sociaux non couverts, et soutenir une économie durable qui tient compte des enjeux environnementaux. La région reconnaît l’ESS comme un secteur stratégique, notamment dans les domaines du tourisme durable, de la protection de l’environnement, et de l’insertion sociale. L’ESS représente ainsi un levier de résilience économique pour la Guadeloupe, contribuant à la cohésion sociale et à la création d’emplois locaux.
En renforçant son ancrage territorial et en multipliant les partenariats publics-privés, l’ESS en Guadeloupe pourrait devenir un pilier de développement durable pour l’ensemble du territoire.
2024 : Une année clé pour l’ESS
L’Économie Sociale et Solidaire (ESS) est encadrée en France par la loi du 31 juillet 2014, qui reconnaît et renforce ce secteur en posant un cadre juridique pour les entreprises et organisations qui suivent ses principes. Cette loi, portée par Benoît Hamon actuel Président de ESS France ; communément appelée Loi ESS, a pour objectif de promouvoir un modèle économique centré sur l’humain et l’utilité sociale. Elle définit les structures éligibles (comme les associations, coopératives, mutuelles, fondations, et sociétés commerciales répondant aux critères ESS) et les principes qui régissent leur fonctionnement.
En Guadeloupe, cette loi ESS a favorisé une dynamique, aidant les acteurs locaux à structurer leurs activités et à obtenir des financements, notamment pour des projets dans les secteurs de l’insertion, de l’agriculture durable, de la protection de l’environnement, du sport santé, etc…
En structurant l’ESS, la loi de 2014 la positionne comme un levier essentiel pour le développement économique. Elle permet aux territoires comme la Guadeloupe de bénéficier d’un modèle inclusif, apte à créer des emplois durables et à renforcer la résilience des communautés face aux crises économiques et sociales.
Conclusion
L’ESS en Guadeloupe est bien plus qu’un secteur économique ; c’est un vecteur de changement et un modèle de société où l’économie est au service du bien commun. La CRESS-IG, en soutenant les initiatives locales et en sensibilisant le public, contribue à faire de l’ESS un levier de développement économique durable pour les îles de Guadeloupe. Le potentiel de ce secteur, basé sur des valeurs d’entraide et de solidarité, est immense et porteur d’espoir pour un avenir plus résilient et équitable.
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