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Le 2 juillet 1966 “ce n’est pas du passé”

Le 2 juillet 1966
Tahiti, le 2 juillet 2020 – Plus d’une centaine de membres de l’association 193 et du collectif Nunaa a ti’a se sont retrouvés jeudi au Monument aux morts à Papeete pour commémorer, comme chaque année, le premier tir nucléaire qui a eu lieu en 1966 au fenua. Les secrétaires généraux de la CSTP-FO et Otahi étaient également présents. Patrick Galenon a réaffirmé que l’Etat devait réparer les dégâts causés par les essais. Comme d’autres manifestants, il a également profité de l’occasion pour tacler le fameux amendement Tetuanui : “Il faut lui pardonner car je ne pense pas qu’elle a compris (…) qu’elle nous condamnait à nouveau. Je lui demanderais simplement de ne plus se présenter en tant que sénatrice”. Le collectif Nunaa a ti’a et l’association Moruroa e tatou ont également appelé les victimes des essais nucléaires à déposer de nouvelles plaintes pour crime contre l’humanité. Plaintes dont les modalités devraient être clarifiées dans les jours à venir.
 


Père Auguste Carlson, président de l’association 193 : “On ne veut surtout pas que l’on oublie cette date”
Le 2 juillet 1966
Pourquoi cette date est si importante ?

C’est une date très triste le 2 juillet 1966, pour nous rappeler l’explosion la première bombe nucléaire d’une longue série. On ne veut surtout pas que l’on oublie cette date et qu’on nous fasse croire surtout que c’est une histoire du passé or ce n’est pas du passé, c’est toujours d’actualité“.

Est-ce que les choses se sont améliorées par rapport à l’an dernier ?

En ce qui concerne les dossiers des victimes des essais nucléaires que nous accompagnons,   les choses se sont compliquées avec l’amendement de Lana Tetuanui. Maintenant le Civen n’a plus de complexe pour mettre en avant et pour invoquer l’amendement de Lana Tetuanui pour rejeter les dossiers (…). Cette année 2020, en l’espace de six-sept mois nous avons plus de trois quart de dossiers rejetés. C’est une réalité qui fait mal et en même temps qui dit bien que cet amendement est un amendement assassin.”

Vous avez rencontré la sénatrice pour lui en faire part ?

“C’est une perte de temps. Combien de fois nous avons essayé d’entamer les discussions, mais lorsqu’on ridiculise, comme on a entendu dans les îles, lors de la tournée de la commission Erom, lorsqu’on ridiculise les malades, en leur disant que vous êtes en train de fantasmer car ce n’est pas lié aux essais nucléaires mais c’est lié à votre malbouffe, manque d’hygiène, etc. Ce n’est pas la peine d’en parler. Ils ont déjà un plan et c’est une logique qu’ils mettent en avant et cette logique-là, c’est du négationnisme nucléaire. Et c’est la même importance et la même abnégation que ceux qui ont nié la shoah par exemple. Chez nous ce sont 193 essais nucléaires dont les impacts sont réellement niés.”

On s’attendait à de plus grandes manifestations, que se passe-t-il ?

“Je ne peux parler que de ceux qui sont l’association. Avec la crise que l’on a vécue, beaucoup ont épuisé leurs congés et beaucoup ont été rappelé sur leurs lieux de travail. On n’a pas le droit de leur dire non, et on respecte. Ce matin, il y en a qui vont et qui viennent. Ce qui est important c’est la présence, et qu’elle soit assez forte pour dire on n’oubliera pas cette histoire dont vous essayez de nous faire croire que c’est du passé. Et encore une fois, il y a une logique qui est mise en place. Elle est inspirée par le négationnisme du nucléaire”.
C’est un fait exprès que vous vous placez juste en face du haut-commissariat ?
“Il n’y a pas meilleur endroit que de venir en face du haut-commissaire. On l’invite d’ailleurs à venir partager le repas, même le président Fritch. Ce sont des personnes qui représentent deux autorités importantes dans notre Pays. Et donc ces personnes nous les respectons mais nous voulons aussi leur dire, qu’elles ont une responsabilité qui se situe au niveau de l’histoire de ce Pays. Et qu’elles n’ont pas le droit de nous entraîner sur un chemin, pour dire à tout le monde qu’il n’y a plus de problème, circulez, que c’est du passé. Et c’est le risque que nous connaissons avec le projet du centre de mémoire. En ce moment il y a une équipe d’universitaire à Rikitea, qui circule dans les îles et qui mène une enquête. Elle va habiller le centre de mémoire. Et un des sous-titres de cette enquête est intitulé noir sur blanc, “comment revaloriser les essais nucléaires” dans notre Pays. Ce sous-titre est très significatif de ce que nous redoutons de ce projet qui sera là bientôt. Donc nous refusons de cautionner ce projet. Et nous demandons encore à notre partenaire très cher Mururoa e tatou, de sortir officiellement de ce projet. Même si il a été initié par Bruno Barillot. Il doit se retourner dans sa tombe lorsqu’il voit comment est-ce que les choses sont en train d’être mises en place.”

Quel message souhaitez vous faire passer aujourd’hui ?

“Le seul message, c’est que le 2 juillet n’appartient pas à une association, ni à une religion, ni à un groupe politique. Ce 2 juillet appartient à tous les habitants de ce Pays. Et c’est un message rassembleur et de rassemblement que je veux faire part aujourd’hui. On ne peut pas avancer dans la division.  Et ça les arrange de nous voir divisé. D’où cet appel à tous les habitants de ce Pays. A toutes ceux et celles qui aiment ce Pays, même s’ils ne sont pas originaires de ce Pays, et qui respectent les habitants de ce Pays, rassemblons-nous pour pourvoir faire avancer l’histoire de ce Pays.”
 


Tutea Mollon, porte-parole du collectif Nunaa a Ti’a : “Revoir la loi qu’ils ont votée en catimini au mois de mai”
Le 2 juillet 1966
Que représente le 2 juillet pour vous ?

“Cela fait 54 ans d’injustice, de déni, de manque de respect et de crime contre l’humanité. Et si au bout de 54 ans on n’arrive toujours pas à régler ce problème c’est tout simplement qu’on ne veut pas le régler. En 1995 il y a eu des émeutes. Je ne cautionne pas la violence mais il faut quand même se poser une question. A qui la faute ? Est-ce à celui qui a voulu atomiser à nouveau notre pays ? Ou est-ce la faute de ceux qui ont voulu défendre leur Pays ? Je ne cautionne pas la violence mais j’ai tout de même envie de remercier ces personnes qui se sont levées en 1995 pour éviter la reprise des essais nucléaires.”

Qu’y-a-t-il dans le courrier que vous allez transmettre au président Fritch ?

“On lui demande de discuter avec le Président de la République pour qu’il intervienne auprès de sa majorité pour revoir la loi qu’ils ont votée en catimini au mois de mai. Cette loi aura un impact sur l’indemnisation des victimes. On lui demande également de mettre en place un véritable programme de dépollution de Moruroa. Non pas un nettoyage de façade qui consiste à nettoyer les hangars et dépolluer la plage ou l’atoll. Mais de veiller à ce que si l’atoll s’effondre que les déchets ne remontent pas à la surface et contamine tout le Pays. Et on va aussi demander au Président de la République des frais liés aux maladies radio-induites.”
 


Le 2 juillet 1966


Le 2 juillet 1966


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Source : https://www.tahiti-infos.com/Le-2-juillet-1966-ce-n-est-pas-du-passe_a192316.html

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