Le Maloya : un temps pour les hommages et un temps pour la vérité
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De la sincérité ? Oui sans aucun doute, mais aussi beaucoup d’hypocrisie.
Pareil, pour la disparition de Gramoun lélé, Lo Rwa Kaf, Tiloun, et bien d’autres avant elle.
La presse et les médias sont là, la foule aussi, il faut absolument être présent, se faire voir, si possible prendre la parole.
Alors, qu’il n’y a pas si longtemps de cela à la Réunion, chanter le maloya était un délit, vous étiez censuré, boycottés par tous, les médias, les gestionnaires des espaces et lieux culturels, les organisateurs de festivals, les journalistes, la télévision, la radio, les politiciens.
Hormis le PCR, ils étaient tous, complices du pouvoir colonialiste qui voulait effacer de la mémoire des Réunionnais le nom et le son du maloya. Ils se sont alors relayés, et certains encore présent, pour garder le pouvoir et ont préféré placer à la tête de la culture réunionnaise des expatriés.
Dans tous les départements et régions de France, ce sont les originaires qui gèrent et décident de leurs cultures et traditions, seul le département de la Réunion fait exception à la règle.
Les conséquences sont énormes, on continue de pénaliser, d’exclure, de censurer, discrètement nos artistes, surtout les débutants. Mais contrairement à l’époque, ces néo-colonialistes et leurs complices réunionnais ouvrent de temps à autre les portes, à quelques artistes Peï Triés sur le volet, pour rafler ensuite les subventions.
Dans certaines collectivités, les projets des Réunionnais sont écartés par nos propres élus, pour favoriser ceux des métropolitains, toujours le syndrome de la goyave de France. Ceci encourage donc ces expatriés à faire la pluie et le beau temps, car ils ont tous les droits, même de privatiser le domaine public pour leurs concerts.
Gare aux Réunionnais qui ne se prosternent pas !
Alors, quand je les entends réciter leurs hommages, je suis révolté par autant d’hypocrisie.
Le moment est peut-être venu de changer cette situation, de rendre de vrais hommages à nos artistes disparus. Non pas en fixant une pancarte avec un nom sur un bloc de béton, mais en propageant l’histoire du maloya, les œuvres de nos artistes, leurs parcours de militantisme, leurs bravoures d’avoir affronté l’interdiction et le risque de la prison.
Mais faut-il encore pour cela, la volonté de nos élus, d’arracher la culture réunionnaise des mains de ce petit groupe d’expatriés. Il faut aussi arrêter de subventionner ces festivals organisés par et pour des expatriés nostalgiques, qui rapportent rien à la Réunion ni à notre jeunesse, sinon drogue dure, tapage nocturne, et dérapage des artistes de passage. S’ils veulent faire leurs festivals entre eux qu’ils les financent de leurs poches.
Envoyez aussi à la retraite ces pseudos réunionnais qui gèrent tous les espaces, salles, théâtres, etc. toujours en place et qui ont collaboré et bradé la culture Réunionnaise.
Remettons de l’ordre dans le conservatoire à rayonnement métropolitain. 90 % des profs et élèves sont originaires de France et même d’Europe de l’Est, alors que les Réunionnais sont obligés d’aller enseigner la musique dans l’hexagone et que nos enfants sont écartés habilement de ce conservatoire à chaque nouvelle rentrée.
Il faut profiter du changement politique actuel pour réorganiser le domaine de la culture en concertation avec les Réunionnais (les vrais), surtout les artistes, les initiés. Il faut réorienter les subventions, ce qui peut créer des milliers d’emplois. Il est préférable de payer les artistes à faire ou à enseigner la musique, que de leur donner le RSA.
Malgré la discrimination du conservatoire régionale, les compétences chez nos jeunes et moins jeunes ne manquent pas, voyez ces jeunes qui se sont exilés à Paris pour exercer leurs talents et qu’on découvre à la télé.
Combien d’écoles de maloya dignes de ce nom à la Réunion ? Combien de cours publics de danse ? Combien de festivals dédiés entièrement aux maloya ?
Il ne s’agit pas de façonner des artistes de renommée, ni d’une maloyatisation ou d’une ségatisation de la société réunionnaise, mais de les transmettre tout simplement à nos descendants. Bien entendu, pour réaliser cela, il faut que certains élus suivent une thérapie pour sortir de leurs complexes d’infériorité et du syndrome de la goyave de France, pour enfin voir que les Réunionnais sont aussi, sinon plus compétents que ceux qui viennent d’ailleurs.
Sinon, faut-il encore attendre une nouvelle Chantal Manès Bonnisseau (la rectrice qui a redonné de la valeur à la langue créole contrairement à son prédécesseur qui avait honte de sa langue et ses origines), pour favoriser le maloya.
Il ne suffit pas de l’inscrire à l’UNESCO, mais aussi de l’enseigner
Les années passent, les générations se succèdent, si rien n’est fait, dans 50 ans le maloya et le séga sous leurs formes vocales et instrumentales actuelles vont disparaître, remplacés par un mauvais zembrocal musical indigeste que certains veulent déjà nous imposer.
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