Le ministre Repentin répond aux étudiants
Partager cet article
Le ministre chargée des affaires européennes était à Dembéni pour découvrir un autre projet éligible aux fonds européens, celui d’un Centre Universitaire à Dembéni qui inclurait un vaste pôle recherche. Une occasion d’élargir avec les étudiants le champ du débat sur l’adhésion de Mayotte à l’Union européenne.
C’est par le chantier de construction du futur amphithéâtre du Centre Universitaire de Formation et de Recherche (CUFR) et son laboratoire de recherche fondamentale, tout fraichement inauguré, que la visite commençait. Le programme de recherche sur l’utilisation de la mangrove comme traitement des eaux usées était présenté, en test depuis 6 ans. « Un laboratoire qui n’a pas d’équivalent à Mayotte pour la recherche et grâce auquel nous espérons rayonner sur l’océan Indien ». Une réalisation qui tombe à point nommé, « la ligne budgétaire au plus fort accroissement est le fond de recherche et de développement », indiquait Thierry Repentin.
Dans la salle du CUFR faisant office d’amphithéâtre, le ministre se prêtait au jeu des questions-réponses avec les étudiants. Auparavant, il posait la problématique, « je suis venu voir comment l’Europe pouvait s’incarner ici et vous dire que l’entrée de la France dans l’Europe est une chance même s’il faut beaucoup d’huile de coude ! »
Et le ministre de décliner les avancées qu’il était permis d’attendre de l’Europe dans le domaine des études supérieures, pour peu que des projets réalistes, « et portés par les collectivités locales » soient proposés : « le doublement du montant des bourses Erasmus qui ont été élargies aux apprentis et aux formations en alternance en entreprise pour lesquelles vous, jeunes Mahorais, êtes éligibles, l’accroissement du budget recherche, la Banque européenne d’Investissement qui va accompagner les chefs d’entreprise en mal d’obtention de prêts, sans oublier une enveloppe de 6 millions d’euros que se partageront les régions où le taux de chômage est inacceptable ».
Le CUFR utile aussi aux scolaires
L’enveloppe du Fonds social européen « de 74 millions d’euros fléchés pour Mayotte vient d’être abondée de 5 millions d’euros supplémentaires au titre de l’Initiative européenne pour les jeunes », indiquait Monique Grimaldi, directrice de la Dieccte (Direction de l’emploi et du travail).
La première question revenait au sénateur Thani Mohamed Soilihi qui rappelait que, face au recors national de l’échec scolaire que détient Mayotte, la formation des enseignants, « prérogative de l’Université », ne devait pas être oubliée. « Nous y travaillons sur trois plans », répondait Laurent Chassot, directeur du CUFR, « sur la formation des maîtres en collaboration avec le vice-rectorat, en proposant des licences professionnelles et en ouvrant des Diplômes Universitaires à la montée de compétences des fonctionnaires de catégories C, 88% du total des agents de l’île, vers une catégorie B ».
Plusieurs questions fusaient ensuite de la salle. Certaines abruptes, « y aura-t-il un contrôle sur l’utilisation des fonds parce qu’ici, c’est comme en Afrique, on se met l’argent dans les poches ? », d’autres plus profanes, « comment protéger la production déclinante d’ylang ylang ? »
Mayotte l’européenne
Sur cette question, le ministre répétait qu’un montage de dossiers permettrait d’obtenir des fonds FEADER (Structurels agricoles) avec une éventuelle labellisation à la clef. « Quant à la première question, je ne vois qu’une solution : il faut coudre les poches ! » Et plus sérieusement, rassurait sur le cadrage européen fait de « contrôles ex post pour vérifier l’utilisation, avec un remboursement éventuel et des sanctions pénales ». En tout état de cause, pour ce premier rond européen 2014-2020, la préfecture aura la responsabilité du montage des dossiers à travers la Cellule Europe.
Mais la question la plus difficile pour le ministre fut posée par la secrétaire de l’association des étudiants : « Que peut apporter Mayotte à l’Europe ? » Une question qui nécessite de connaître la culture bien spécifique de l’île, ses habitudes, sa manière de raisonner. Un ensemble qui se calque mal sur la rigueur européenne, et dont il faudrait dégager les points forts pour apporter une nouvelle vision de ce que pourrait être une Région européenne Ultrapériphérique adaptée aux caractéristiques de l’Outre-mer.
Aucune littérature ne s’étant penchée sur ce sujet bien spécifique, et le laps de temps qui lui est imparti en deux jours de visite ne le lui permettant pas, Thierry Repentin choisissait de dresser des parallèles avec d’autres pays « décalés », comme l’Ukraine, « dont les manifestants ont compris que l’Europe était un espace de démocratie et artisan de paix », ou la Roumanie et la Croatie, « quand ces pays se développent, c’est l’ensemble de la zone européenne qui en bénéficie ».
Anne Perzo-Lafond
Partager cet article