L’ère de la responsabilité : Pour le “Vivre Ensemble”, construisons ensemble
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La marche de l’Histoire ne connaît pas de hasards.
Ce peuple que certains croyaient soumis, incapable d’être solidaire, anesthésié dans la péjoration et la condescendance de “l’assistanat”, s’est mobilisé dans la dignité pour agir et prendre ses responsabilités.
C’est un geste politique fort, sans précédents dans l’Histoire réunionnaise et nos concitoyens nous adressent un message de raison.
Il est impératif de prendre la mesure de ce mouvement populaire et ne pas y conclure—dans le prisme d’une vue courte—, à des revendications “matérielles” de confort.
Ce mouvement citoyen exprime la rupture du peuple avec le corps de “la classe politicienne”.
Rupture avec ce qu’il considère comme la politique démagogique de la “langue de bois”, qui abuse du discours/pouvoir, qui dit une chose et fait son contraire.
Rupture avec les combines électoralistes du pouvoir pour le pouvoir. Les citoyens réunionnais ont conscience du “suivisme” infantile avec les autorités centrales, qui dans le feutre et les lambris dorés des palais parisiens négocie des avantages particuliers et partisans qui vont à l’encontre de notre véritable développement. Ils disent aujourd’hui que le parti c’est celui de La Réunion pour La Réunion.
Cette rupture du “corps social”, du socle populaire avec la “classe politicienne” exprime un malaise civilisationnel profond qui montre sa perte de confiance face à ses représentants. L’auto censure abstentionniste en est d’ailleurs le symptôme le plus clair et le plus inquiétant pour la démocratie.
Le peuple aujourd’hui exprime sa majorité et sa maturité politique en montrant au pouvoir politicien qu’il est la partie constituante et intégrante du mandat qu’il leur a octroyé.
Le peuple présent dans l’espace public depuis maintenant, plus de deux semaines, demande et exige de leurs représentants d’être fidèles à leurs responsabilités en étant à l’écoute de leurs revendications. La base leur demande d’êtres dévoués aux pouvoirs des mandats qu’elle leur ont conférés.
Le peuple leur demande d’être loyaux à leurs devoirs. Il nous rappelle un principe fondamental en société démocratique trop souvent oublié par certains politiques dans leur pratique quotidienne qui demeurent trop souvent conduites et fascinées par les vertiges égocentriques des privilèges du pouvoir.
Le peuple dit aujourd’hui que le souverain c’est lui ! Les citoyens en s’exposant sur la place publique aux risques des violences policières, crie et exige que le crime cesse !
Ce crime, c’est celui de l’irresponsabilité de ce que la base nomme comme la « classe politicienne ». Pour une grande majorité de Réunionnais, les politiques laissent notre pays dans le cynisme du sous-développement par le cache misère de la pseudo-croissance.
Les citoyens en appellent à la raison, ils poussent à la prise de conscience “du politique” et au sérieux des élus. Et il n’est pas sérieux de refuser le débat avec une représentante du gouvernement (quoi qu’on puisse dire sur ce dernier) et faire la politique de la chaise vide.
C’est le peuple réunionnais qui a provoqué la venue de la Ministre et c’était le moment pour que les élus unis dans la “volonté générale” exposent, débattent et négocient devant la représentante de l’État.
Le dialogue et la négociation ne sont pas de la soumission et encore moins de la compromission. C’est l’espace du débat contradictoire cher à la démocratie, le lieu d’une demande d’un nouveau “contrat social” que le peuple réunionnais exige aujourd’hui pour une nouvelle “gouvernance” responsable, où les Réunionnaises et Réunionnais ne sont plus étrangers à un système qui les domine et les laisse pour compte.
Le constat de cette prise de conscience populaire, je l’ai fait le long de mon itinéraire politique et il a été confirmé lors de mes rencontres avec les “palto jaunes” sur les routes de l’île.
Je suis une femme issue des milieux populaires et je ne suis pas aujourd’hui, à l’abri d’injustices.
J’ai grandi au Chaudron, ce beau quartier qui a forgé mon caractère et je ne peux être insensible à ce constat qui nous pousse à être à l’écoute de la raison poussée par la quête de la justice sociale.
Le temps est venu pour que nous, élus unis, au-delà des clivages partisans, convoquions,— au nom et avec le peuple réunionnais, et en toute responsabilité — une conférence territoriale pour construire les moyens de notre émancipation.
Réyonèz, Réyoné, Noute toute ansanm po nout liberté !
Aline Murin-Hoarau, élue du peuple.
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