Les défis de la rénovation urbaine
Partager cet article
En juin prochain, un nouveau contrat de ville doit être signé. L’objectif, ambitieux, est « d’ éradiquer les zones enclavées souvent synonymes d’habitat indigne », a souligné Edouard Fritch, le président du Pays. Deux experts de l’Agence de la rénovation urbaine sont actuellement sur le fenua pour une mission d’assistance et d’ingénierie.
Mais pour que cela fonctionne, il faut identifier les spécificités polynésiennes. C’est l’enjeu en partie du colloque « Stratégies de rénovation urbaine en Polynésie française » qui a lieu ce vendredi au lycée hôtelier.
Tamatoa Bambridge, anthropologue et chercheur au CNRS et auteur d’une étude sur les politiques publiques locales, note que pour ces politiques publiques soient acceptées, il faut prendre en compte « le tavana comme point d’équilibre » et avoir conscience de « l’importance des acteurs religieux ».
Autre spécificité, il note que « l’accès au logement social perçu comme un acte d’allégeance politiques et est vécu comme une relation de don, contre-don, plutôt qu’une politique publique de solidarité ». « Les nouveaux espaces d’habitation n’effacent pas les traditions anciennes avec la construction d’un rapport au sol particulier », a-t-il ajouté.
Habitat collectif ou pas ? « Très peu de gens soutiennent l’habitat concentré mais préfèrent l’habitat individuel du type de ce que fait l’Office polynésien de l’habitat », a constaté le chercheur.
Pour mettre en place cette rénovation urbaine, il conseille donc de mettre en place « une politique publique qui repose sur un dialogue réel et la nécessité d’accorder un poids identique à chaque acteur dans la décision finale ».
L’enjeu de cette rénovation urbaine c’est mettre fin à l’habitat indigne mais aussi réorganiser l’agglomération. Aujourd’hui, Papeete, Pirae, Arue, Mahina et Faa’a ont tendance à stagner en terme de population. « 40 % des habitants de l’agglo travaillent à Papeete 23 000 emplois alors que 16 % des individus de 15 ans et plus y résident », décrit Sébastien Merceron, conseiller technique à l’Institut de la statistique de la Polynésie française. « Les déplacements travail-domicile se font principalement en voiture (69%) ou en scooter (8%) rarement en transport en commun (5%) ou à pied (5%). 29 % des scolarisés de l’agglomération le sont à Papeete alors que 16 % y habitent. Seulement un quart des élèves de l’agglomération utilisent les transports en commun contre la moitié dans les communes rurales de Tahiti. »
La réorganisation de la grande agglomération de Papeete passera également par la question des transports.
La population vieillit. L’espérance de vie, a augmenté de quatre mois par an en moyenne depuis 1988 pour atteindre 76 ans en 2012. En parallèle, le nombre d’enfants par femme a été divisé par deux en 25 ans. Il est passé de 3,8 en 1988 à 2,1 en 2012.
Sébastien Merceron souligne le besoin de plus de logements puisque « la décohabitation se poursuit. 3,6 personnes sont recensées par logement contre 4,7 en 1988. Traditionnellement, les Polynésiens vivaient nombreux dans un même foyer, plusieurs générations au sein d’un même foyer ».
Néanmoins, « les ménages complexes moins nombreux mais une proportion toujours importante un ménage sur cinq et plus du tiers de la population ».
Source : http://www.tahiti-infos.com/Les-defis-de-la-renovation-urbaine_a123062.html
Partager cet article