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Les gaz d’origine volcanique du lac Dziani observés à la loupe

Une plateforme de surveillance vient d’être installée sur le lac Dziani à Petite-Terre, cette semaine. Son but est d’étudier les gaz d’origine volcanique, tandis qu’ils ont largement augmenté depuis l’éruption du volcan Fani Maore. Cette expédition a réuni quinze scientifiques venus de La Réunion et de la métropole. Reportage.

Surplombant le lac Dziani, Christophe Brunet, ingénieur d’étude, dirige à distance une caméra, ce mercredi 13 novembre. Celle-ci est posée au milieu de l’étendue d’eau sur une plateforme tout juste installée par une équipe du réseau de surveillance volcanologique et sismologique de Mayotte (Revosima). Après une semaine de travail, les scientifiques ont quasiment fini leur mission, le matériel a été posé sans encombre. C’est l’heure des ultimes vérifications. Cette plateforme de surveillance a été pensée et conçue à La Réunion spécialement pour le lac de Petite-Terre qui reste un objet d’étude fascinant pour les scientifiques. A la surface, on peut voir des zones de bullages. « C’est du gaz d’origine volcanique qui remonte du sous-sol », explique Bhavani Benard, maître de conférences au laboratoire géosciences de l’université de La Réunion. Dziani est un lac cratère, trace de l’histoire volcanologique de Mayotte. Du gaz, principalement du CO2, s’échappe en continu des zones de stockage des magmas présentes à plusieurs kilomètres ou dizaines de kilomètres de profondeur. « C’est un phénomène normal, mais qu’il faut surveiller », indique la scientifique, docteure d’une thèse sur les eaux souterraines avec gaz magmatiques. Depuis l’éruption du volcan Fani Maore entre 2018 et 2020 – le volcan sous-marin situé à 3.600 mètres de profondeur à 50 km à l’est de Petite-Terre – un changement y a observé. « La quantité de gaz a largement augmenté. » Toutefois, elle demeure stable depuis 2021. L’objectif de la plateforme élaborée dans les laboratoires de l’Observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise à La Réunion est donc « de quantifier plus précisément les variations de gaz qui peuvent y avoir », explique la chercheuse. Indirectement, il complètera également la connaissance sur le Fani Maore.

Un suivi en temps réel

La plateforme se compose de capteurs immergés pour suivre les paramètres physico-chimiques de l’eau et des gaz, d’un suivi caméra, d’une station météorologique et d’un GPS RTK pour suivre le niveau de l’eau. Ces technologies permettront de suivre en temps réel l’activité du lac. Les appareils seront en permanence connectés à l’Observatoire volcanologique réunionnais. La mise en place de cette plateforme est le résultat d’un travail commun entre les scientifiques réunis au sein du Revosima, celui-ci a été créé en 2019 au lendemain de la découverte du Fani Maore. Ce réseau financé par l’État est chapeauté par l’institut de physique du Globe de Paris.

En plus des données sur les bullages, ces instruments feront progresser la connaissance sur le lac Dziani au sens large. « Il est plein d’originalités », souligne Didier Jézéquel, maître de conférences à l’institut de physique du Globe de Paris qui l’étudie depuis 2009. « Il présente des caractéristiques analogues aux océans vieux de plusieurs milliards d’années, des caractéristiques du précambrien, pourtant il est plus jeune. C’est l’unique lac dans le monde dans ce cas, nous n’en connaissons pas d’autres. »

Les outils n’ont pas été aisés à mettre en place. Assemblée à La Réunion, la plateforme a voyagé jusqu’à Mayotte par bateau avant d’être héliportée à Dziani, la semaine dernière, par la section aérienne de la gendarmerie. Maintenant en place, son bon fonctionnement reste un défi, car l’intervention des équipes qui ne sont pas sur zone reste difficile pour les soucis techniques, les instruments comptant de nombreuses technologies. Les conditions météorologiques peuvent impacter le matériel tout comme la salinité de l’eau du lac qui est 1,5 à deux fois plus salée que l’eau de mer.

Les premiers résultats de l’étude de la plateforme seront publiés dans un an au minimum dans les bulletins mensuels du Revosima. « C’est le temps de se familiariser avec les instruments et d’analyser les résultats qui ne sont pas faciles à interpréter », explique Christophe Brunet.

Trois nouvelles stations sismologiques

En parallèle du lac Dziani, la mission scientifique en a aussi profité pour poser trois stations sismologiques supplémentaires sur les îlots d’Handréma, Mogné Amiri et M’bouini. Ces appareils enregistrent les vibrations de la terre en temps réel. Les informations sont ensuite numérisées et transmises à l’Observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise à La Réunion. Ces installations visent à augmenter la couverture géographique. Plus les sismomètres sont nombreux, plus la connaissance de l’épicentre est précise. Ils ont été placés sur les îlots, loin de toute présence humaine pour rendre les résultats plus fiables. Alors que si une usine est, par exemple, située à côté du sismomètre, cela fausse les résultats.

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