Licancabur : 5 916 m de cendres
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Il mesure presque 6 000 mètres de hauteur : 5 916 et quelques poussières, le mot étant bien choisi pour qualifier ce gigantesque cône de cendres. Depuis San Pedro de Atacama, on ne voit que lui. Sur son flanc sud, cheminant en pente douce, on devine le tracé de la route, impeccablement goudronnée côté Chili.
Il faut deux heures de route, en flânant, pour atteindre la frontière. Le “check point”, côté chilien, se trouve, en réalité, à la sortie de San Pedro (2 400 m d’altitude), ce qui évite aux douaniers chiliens d’aller se peler de froid dans le vent de l’altiplano. Leurs confrères boliviens sont calfeutrés à 4 300 m, dans une zone où pas un brin d’herbe n’a la force de pousser.
De la neige, de la vraie, autour de nous, il n’en reste guère malgré l’altitude. Nous sommes dans l’un des déserts les plus arides du monde, à une élévation telle que les vents violents ont vite fait de balayer les flocons imprudents. Seules des plaques blanc gris s’accrochent sur les flancs des montagnes, dont le magnifique Licancabur. Nous pouvons le “toucher des yeux” ; on se croirait à quelques enjambées à peine du sommet. En réalité, il faut plus de huit heures, sans mollir, pour planter son piolet au sommet, qui s’ouvre sur un cratère unique au monde : en sommeil (mais le volcan est considéré comme actif), il abrite un lac d’altitude, le plus élevé de la planète, dans lequel la vie s’est développée sous la forme de nombreux micro-organismes. Un garçon un peu fou, Henri Garcia, ancien de la Calypso du commandant Cousteau, vivant alors à l’île de Pâques, fut le premier à y réaliser une plongée…
Quelques nuages passent, s’effilochant dans l’air sec. La tête tourne quand on lève les yeux. Elle tourne aussi quand on les baisse. Elle tourne encore plus quand on les ferme. Le mal de l’altitude n’épargne personne : le fameux “soroche” que l’on ne peut combattre qu’en fabriquant un surplus de globules rouges, ce qui ne se commande pas.
Au milieu de rien se dressent soudain des ruines. Des hommes, ici, un jour, ont bâti une cabane en pierres et en ciment : un vestiaire improbable avant de se plonger dans un bassin d’eau chaude. La terre alentour est pelée et la piscine naturelle fume comme une vraie tisane.
- Tu veux te baigner ?
- Euh, non… Non, non !
Dehors, il fait -5°. L’onde a beau être claire et chaude, la morsure du vent glacial quand on en sort sa main est celle d’une bête féroce. Entrer dans le bain, même à 40°, ne doit pas être trop difficile. Mais comment en sortir ensuite sans être dévoré par le froid ?
- Quieres beber ?
- Claro que si !
Le temps de se caler assis contre des pierres, face au Licancabur, de sortir les jumelles pour regarder les condors jouer avec les ascendances, arrive le thermos de mate coca.
- C’est beau la Bolivie ?
- Si amigo, la Bolivie, “muy bonita”.
Pour y aller
Un vol par semaine Papeete-Santiago du Chili avec la compagnie Latam, puis connexion à Santiago sur Calama. Prévoir une nuit à Calama avant de gagner le village de San Pedro d’Atacama par bus.
Pour y rester
Réservez votre hôtel à partir d’Internet plusieurs mois à l’avance car la destination est très courue. Le style de San Pedro nous fait vous conseiller des formules d’hébergement plutôt haut de gamme (à prix très abordables). Une bonne adresse, l’Hosteria San Pedro, chambre double à environ 13 500 Fcfp environ (prévoyez une semaine de séjour à San Pedro, les alentours le méritent).
Pour escalader le volcan
Il est accessible essentiellement du côté bolivien (voie normale), la pente chilienne est en effet en partie minée. L’ascension doit donc se faire par la Bolivie. Impossible de décider de la faire sur un coup de tête. Il vous faudra prévoir une petite acclimatation à l’altitude grâce aux différentes excursions proposées autour de San Pedro sur l’altiplano. Enfin il faut impérativement avoir recours à un guide.
De la Laguna Verde au sommet, dénivelé de 1 295 m à la montée et à la descente. Comptez une journée de plus douze heures d’efforts pour réussir cette ascension qui commence obligatoirement de nuit, par un froid glacial (beaucoup de grimpette –épuisante– sur des pierriers, de la cendre et finalement peu de neige, sauf au sommet).
Pour ceux qui ne disposent pas d’un véhicule 4×4 pour faire l’ascension en une journée (le 4×4 permet de se rapprocher du point de départ de la grimpette), possibilité de dormir devant la Laguna Blanca où se trouvent deux refuges. Les plus courageux pourront camper avant l’escalade.
On peut tenter la montée du côté chilien en passant par le poste frontière Hito Cajon. Guide plus que recommandé.
Pour garder la forme
Au-dessus de 4 000 m, on peut ressentir (parfois violemment) les effets du “soroche” (le mal des montagnes). Boire peu d’alcool, ne pas fumer et consommer beaucoup de mate de coca si possible (vendu comme le thé, en sachets). L’hydratation est essentielle et il n’y a pas d’eau potable une fois sorti de San Pedro. Prévoir des réserves suffisantes.
Pour visiter la région de San Pedro
Surtout ne pas louer de voiture à Calama. Seul, vous allez manquer les trois-quarts des choses intéressantes. Faites toutes les excursions classiques avec des agences locales. Et retournez ensuite là où vous avez envie d’aller en louant une voiture sur place.
Pour tout savoir
Consultez le guide “Travelling Tips, San Pedro de Atacama” (en anglais et en espagnol, avec carte détaillée), en vente partout au Chili, et notamment à l’aéroport de Santiago. L’essentiel y figure. Sinon, le site https://passportjoy.com/san-pedro-de-atacama-tips/ est très complet.
Source : https://www.tahiti-infos.com/Licancabur-5-916-m-de-cendres_a189168.html
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