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Mai-Juin 2023, PALÉPOUTANN en Martinique !

170 après l’abolition de l’esclavage, quelles sont les relations entre les descendants d’esclaves et les descendants des colons ? Ces relations peuvent-elles évoluer ? Ces relations doivent-elles évoluer ? Comment peuvent-elles participer à la construction d’un avenir meilleur ?

La Fondation FER, en partenariat avec Tous Créoles, organise une série de rencontres dans les communes de Martinique sur la thématique des relations entre les descendants martiniquais de la période esclavagiste.

Ces rencontres ouvertes au public, animées par Marijosé Alie, mettent dans la ronde un psychologue, un historien, un descendant de colons, un descendant d’esclaves, et surtout la parole du public pour une conversation sans tabou.

PLANNING PROVISIOIRE PALÉPOUTAN

2 mai : Sainte-Marie 18h-20h

3 mai : Lamentin 18h-20h – médiathèque

4 mai : Carbet 18h-20h – Espace associatif et culturel

5 mai : Bellefontaine 18h-20h

6 mai : Saint-Pierre 19h-21H – Mairie

9 mai : Ducos 18h-20h

10 mai : xxx

11 mai : Sainte-Luce 18h-20h

12 mai : Marin 18h-20h

13 mai : Morne-Rouge 18h-20h

15 mai : Robert 18h-20h

17 mai : Saint-Joseph 18h-20h

18 mai : Grand’Rivière 18h-20h

19 mai : Basse-Pointe 18h-20h

20 mai : Prêcheur 18h-20h

24 mai : Rivière-Pilote 18h-20h – salle Lumina Sophie

26 mai : François 18h-20h

29 mai : Diamant 18h-20h

31 mai : Anse d’Arlet 18h-20h

2 juin : Trois-Îlets 18h-20h

6 juin : Saint-Esprit 18h-20h

L’appel de Marijosé Alie

Il est temps de parler, il est temps de dire, il est temps d’engager enfin cette conversation que nous aurions dû avoir depuis bientôt 2 siècles. Aujourd’hui il se fait tard, mais il n’est jamais TROP tard.

A l’heure où la fureur fait rage, à l’heure où les abolitionnistes subissent le même sort de décapitation que les esclavagistes, à l’heure où plus que jamais le passé refuse de se dire sans passion, nous essayons de penser à eux et à eux seuls, nos ancêtres.

Dans ce chaos d’opinions multiples, de chocs des idéaux, de haines silencieuses ou bruyantes, de confusion entre le pathos mémoriel et le récit de l’antan-lontan, il apparaît cruellement que descendants d’esclaves et descendants d’esclavagistes ont entamé une non-relation silencieuse, plombée par le non-dit, vouée par conséquent à la déliquescence des zombis sans squelette.

Nous avons tous cheminé nos petits bonshommes de route avec chacun ses rêves : celui de l’égalité promise par les gouvernements français successifs, celui allumé par les feux de la dignité, de la tête haute et d’un romantisme effréné, révolutionnaire d’une indépendance flamboyante, celui de la machine à laver, de l’écran plat, et du délire consumériste.

Moi là-dedans j’ai ressenti en intime conviction que le problème de nous dans le monde n’avait pas de solution exclusivement politique, mais bien humaine humaniste, comme l’a dit Césaire  – le fond de tout, c’est l’ÊTRE – comment être au monde ? Qui sommes nous et qui voulons nous être ?

C’est pour cela que nous proposons, la fondation FER avec Tous Créoles, des rencontres (commune après commune) avec la population sur une thématique simple :

170 après l’abolition de l’esclavage, quelles relations sont envisageables entre les descendants d’esclaves et les descendants des colons ? Quel potentiel de réussite ou d’échec et quel avenir pour le pays dans lequel nous vivons ensemble ?

Et ensuite COMMENT avancer lorsque la réalité et l’actualité révèlent des éléments qui ne peuvent que creuser le fossé entre les communautés : l’énorme scandale du Chlordécone, le pouvoir d’achat, le chômage, le dépeuplement, la partition des richesses.

Nous sommes conscients de toutes les difficultés que nous rencontrerons mais nous savons que ces mini débats sont indispensables à l’équilibre de notre société.

Pour participer à ces rencontres : un psychologue, un historien, un représentant de la fondation, un béké, un représentant de la communauté noire. Et surtout la population qui viendra, non pas assister, mais participer au débat.

Le matériel de ces rencontres c’est, bien sûr,  les spécialistes qui poseront l’histoire, poseront le contexte sociétal, l’état des lieux :

  • Que vivent les descendants d’esclaves ?
  • Que vivent les descendants de colons ?
  • L’analyse sociologique du « maintenant »
  • L’analyse de la relation entre ces communautés aujourd’hui.

Le matériel c’est aussi des images que nous pouvons projeter qui racontent l’innommable :

  • Extrait de Tropiques amères.
  • Extrait de Passage du milieu.

qui racontent des conversations impossibles devenues possibles

  • Mandela/de Klerk,
  • Djibaou/Lafleur,

Des images qui racontent des manifestations qui ont changé l’histoire, des chiffres sur la réalité de notre population. Et surtout les prises de paroles, les interrogations des uns et des autres qui nourriront le « livre mawon » que nous remettrons à l’Université pour enrichir éventuellement une thèse sur la question mémorielle après la plantation. Cette thèse pourrait faire l’objet d’une aide financière de la Fondation « FER – Esclavage et Réconciliation »

Il faut savoir que FER est également tournée vers la sacralisation de la mémoire et sur l’édification d’un mémorial des ancêtres à Paris.

Nous en dirons deux mots.

Attendu que les peuples de Martinique Guadeloupe Guyane Réunion ont d’autres urgences que la mémoire.

Que sans ceux qui vivent  pratiquent et subissent au quotidien les conséquences de l’oubli, de la méconnaissance de l’histoire, de la colère, de la haine parfois, du désespoir souvent,  FER ne sera jamais qu’une fondation de plus qui s’occupe des « originaires de » vivant en France hexagonale dont les problèmes ne sont en aucun cas les mêmes que les «natifs peyis».

Attendu que la racine du mal est commune aux deux rives et végète quelque part dans les non-dits de notre histoire.

Attendu que nous venons toutes et tous d’une histoire qui n’implique que nous, mais qui concerne l’humanité.

Attendu que la France de l’organisation citoyenne a laissé, dos à dos face à face, les protagonistes, puis au fil du temps les descendants du chaos que fut l’espace de la plantation.

Ce périple sera à la fois une opération d’une grande humilité mais d’une grande importance, car elle touche notre intimité.

Il y aura peut-être des cris, des fâcheries, des colères, mais nous voulons ouvrir la voie du partage, de la connaissance, pour accompagner la passion que suscite cette thématique.

Césaire m’a dit  un jour « nous sommes péléens nous les martiniquais, tout comme la montagne, nous avons l’air de dormir, placides, et puis quand ça explose c’est Armageddon.

Alors parlons… avant Armageddon !

Et de façon plus intuitive je pense vraiment que faire taire la haine c’est se recueillir devant des douleurs irréparables en refusant la spirale infernale de la violence. C’est donner valeur au sentiment. C’est, au-delà de la loi, du devoir ou du droit, serrer dans nos bras ceux qui ont gardé tête haute et dont nous portons le nom aujourd’hui.

Marijosé Alie-Monthieux

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Source : https://touscreoles.fr/palepoutann-partageons-le-dialogue-en-martinique/

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