Marges : Total refuse la proposition Lurel
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Les compagnies pétrolières connaissent désormais le pourcentage de marge qu’elles devront lâcher dans les Outre-mer… Le ministre Lurel, lui, n’a rien lâché. Les stations ont donc ouvert sur réquisition.
Hier au soir, le préfet de Mayotte Jacques Witkowski a reçu du gouvernement les arrêtés de méthode arbitrés par le 1er ministre, et leurs grilles de calcul de la marge des pétroliers et des gaziers dans les départements d’Outre-mer. Une grille spécifique aux Antilles-Guyane, une pour la Réunion et une troisième destinée à Mayotte.
Il a aussitôt été exposé à Laurent Gautron, directeur de Total Mayotte et à sa direction à Paris. Mayotte a ainsi été le premier des Outre-mer à connaître la réponse : non, les arrêtés de méthode ne satisfont pas du tout la compagnie Total. Après que le préfet ait informé la presse locale, sa filiale mahoraise a envoyé un communiqué, confirmant les réouvertures de stations : « Nous travaillerons sur ordre de réquisition car le ministère des Outre-mer ne veut pas tenir compte de la rentabilité de nos capitaux investis et de la nécessité de marge acceptable pour le fonctionnement de nos activités ».
Un ministre qui a tenu à ramener « comme préconisé par l’Inspection générale des finances et des administrations », les marges des pétroliers à 9% dans les Outre-mer, ainsi que l’expliquait Jacques Witkowski, « contractant la marge annuelle des opérateurs de 13 millions d’euros » sur 100 millions d’euros de profit sur l’ensemble des Outre-mer. Les détails seront publiés dans les arrêtés de méthode dans quelques jours, vraisemblablement mardi, le Journal Officiel n’ayant pas de parution le lundi.
« Un pouvoir exorbitant de l’Etat sur les prix »
Il y aura donc un impact à la pompe pour le consommateur, mais il est difficile à connaître pour plusieurs raisons. Total n’a jamais évoqué sa marge à Mayotte, démentant les 22% les plus communément avancés, sans fournir de chiffres en réponse.
D’autre part, l’arrêté de méthode n’ayant pas été communiqué avant le 31 janvier, les prix resteront les mêmes en février, et leur fixation en mars par préfet interposé, dépendra étroitement des cours mondiaux, « qui devraient traditionnellement grimper à l’approche de l’été » dixit Jacques Witkowski.
« Un droit de régulation par l’Etat exorbitant à Mayotte », indique-t-il, mais rendu nécessaire par « une position monopolistique aussi bien pour le pétrole que le gaz sur un petit marché où le prix n’est pas formé par un équilibre entre offre et demande ». Ce qui va dans le sens de la déclaration du président Hollande lors de ses vœux, de « permettre aux ultramarins d’accéder à un prix de carburant conforme à celui du marché ».
Somagaz n’a pas réagi
Le distributeur de gaz local, Somagaz, concerné par l’arrêté, a également été concerté, ainsi que sa direction à Paris. « Ils n’ont pas réagi », a indiqué le représentant de l’État sur le thème de « qui ne dit mot consent »…
La grande avancée est la transparence que devront afficher les opérateurs en matière de formation des prix : « coût du transport maritime, du stockage, de l’acheminement routier ou frais jusqu’à présent non pris en compte liés à la piraterie… une garantie de rentabilité pour l’opérateur et de visibilité pour le consommateur ». Des données affichées par l’Observatoire des marges, des prix et des revenus.
Pour l’instant, les réquisitions tombent depuis trois jours, mais jusqu’à quand la position de blocage prise par l’opérateur local sera-t-elle tenable face à l’inflexibilité gouvernementale ?
Anne Perzo-Lafond
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