Mayotte protège son eau potable
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La protection des captages d’eau potable est devenue une obligation à Mayotte avec la départementalisation. C’est surtout une façon de protéger une ressource avant que les activités humaines ne la détériorent.
Yohann Cancan, ingénieur sanitaire à l’ARS, en charge de la cellule eau potable
On vient de franchir une étape dans la très longue procédure qui vise à protéger les points de captage de l’eau potable à Mayotte. Très prochainement, les premières enquêtes publiques vont être lancées avant de déterminer officiellement des périmètres de protection dans lequels les constructions ou certaines activités polluantes sont limitées. Et ces mesures restrictives s’imposent à tous, aussi bien aux particuliers propriétaires des terrains à proximité d’un captage qu’aux communes qui doivent adapter le plan local d’urbanisme (PLU).
« La ressource est encore bien préservée à Mayotte. Nous avons donc intérêt à mettre toutes les mesures en place avant que des activités se développent dans ces zones », explique Yohann Cancan, ingénieur sanitaire à l’agence régionale de santé, responsable de la cellule eau potable. Garder une eau de bonne qualité au captage est important car cela limite les traitements nécessaires pour garantir qu’elle soit potable jusque dans nos maisons. Traiter une eau chargée de produits détergents par exemple, est beaucoup plus lourd mais aussi beaucoup plus cher.
Deux zones de protections
Deux types de zones de protections sont prévues à Mayotte. On trouve les périmètres de protection rapprochée dans lesquels toutes les activités susceptibles de provoquer une pollution sont très encadrées. Son objectif est de prévenir la migration des polluants vers le captage.
Des enfants se lavent au captage des eaux de la Kwalé
Il y a ensuite les périmètres de protection immédiate. Autour du captage, la zone doit être clôturée et être la propriété de la collectivité en charge de l’eau, en l’occurrence à Mayotte, le SIEAM*. Toutes les activités y sont interdites pour empêcher le déversement de substances polluantes à proximité immédiate du captage.
Ce week-end, des enfants se lavaient dans la Kwalé, à Tsoundzou, à proximité du point de captage, pendant que des femmes faisaient leur lessive quelques dizaines de mètres en amont. Des zébus étaient également attachés à proximité de la rivière. Une fois le périmètre de protection établi, tout cela ne sera plus possible.
L’eau potable captée au nord du département
L’eau potable de Mayotte provient de 34 points de captage, pour une moitié des forages, pour l’autre des prises d’eau sur les rivières. « Parmi les particularités de Mayotte, il y a la présence des deux retenues collinaires et de l’usine de dessalement de l’eau de mer de Petite Terre. Mais surtout, l’intégralité des captages est réalisé au nord du département », détaille Yohann Cancan.
L’eau potable de Mayotte est en effet prélevée au nord d’une ligne Tsoundzou-Chiconi, d’où l’intérêt de protéger des points essentiels. L’alimentation de l’intégralité du sud de l’île est par exemple assuré depuis Ourouvéni où une station récupère les eaux de la retenue collinaire de Combani et du point de captage de Mroalé. Si une pollution majeure devait intervenir dans la zone, le sud de Grande Terre pourrait être privé d’eau potable.
Une nouvelle campagne de forage a été lancée l’an dernier dans le sud. Et les premiers points de captage sudistes auraient été identifiés. Ils pourraient alimenter le réseau dans les années qui viennent.
Devancer la Métropole
Après les études menées par des hydrogéologues, l’ensemble des périmètres de protection des captages d’eau potable a été dessiné. Après enquête publique, un arrêté préfectoral figera définitivement ces zones.
En Métropole, les points de captage ont commencé à être protégés au début du 20e siècle. Pourtant, aujourd’hui encore, moins des deux tiers bénéficient effectivement de périmètres de protection. Lorsque l’intégralité du processus sera achevé à Mayotte, au début 2016, tous les captages de notre département seront protégés. Mayotte aura donc réussi l’exploit de finir ce chantier en à peine 7 ans… bien avant l’Hexagone.
RR
Le Journal de Mayotte
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