MSA : « Un vrai statut » pour les agriculteurs de Mayotte

La départementalisation bouleverse la protection sociale des agriculteurs de Mayotte. A partir du 1er janvier, ils bénéficieront de la couverture de la MSA (Mutualité sociale agricole), comme dans l’ensemble du territoire français.

« Enfin un statut pour nos agriculteurs, enfin une reconnaissance de notre métier ! » Laini Mogne-Mali, la vice-présidente de la CAPAM*, a accueilli avec ce cri du cœur la mise en place de la MSA, la mutualité sociale agricole, à Mayotte. Notre jeune département est logiquement le dernier à bénéficier de ce régime social spécifique pour les agriculteurs et les aquaculteurs.

A partir du 1er janvier 2015, les agriculteurs et leur famille pourront percevoir l’ensemble des prestations de l’assurance maladie et des retraites. Congés maternités, pension d’invalidité, indemnité journalière en cas d’arrêt de travail… C’est l’ensemble du régime social des agriculteurs de Métropole et des autres DOM qui est transposé dans notre département. Jusqu’à présent, les agriculteurs mahorais bénéficiaient du statut de travailleur indépendant qui convenait assez mal au secteur.

3.000 agriculteurs concernés

« Le régime est mutualiste, c’est donc un système de solidarité entre tous les agriculteurs. La contribution de tous permet de conserver l’équilibre », explique Gilbert Meudec, de la MSA Armorique chargée de ce chantier. De fait, les paysans mahorais vont bénéficier de cotisations tout à fait particulières, ils ne verseront que 200 euros par an.

La MSA est conçue pour que la profession en bénéficie très largement. Naila Bouram’Colo, la directrice de la CAPAM estime à plus de 3.000, le nombre d’agriculteurs qui vont pouvoir entrer dans le système avec leur conjoint et leurs enfants. Pour cela, il suffit de remplir quelques conditions basées sur les surfaces mises en valeur, les cultures réalisées ou le nombre de bêtes dans le cheptel mais aussi être en mesure de justifier d’une activité déclarée avec un numéro de SIRET, comme n’importe quelle entreprise.

Sécuriser les jeunes

« Au-delà des prestations, c’est une valorisation des métiers de l’agriculture et on espère que ça donnera envie de s’investir », relève Laini Mogne-Mali. « C’est un système qui peut aussi inciter les jeunes à entrer dans ces métiers car ils ont la certitudes de pouvoir bénéficier de prestations sociales garanties comme dans les autres secteurs de l’économie », ajoute Gilbert Meudec.

La mise en place de la MSA va également permettre de mieux connaitre le monde agricole de Mayotte avec la création d’ un répertoire précis des agriculteurs et des activités qui sera réactualisé chaque année.

De nombreuses spécificités

C’est la caisse MSA d’Armorique, en Bretagne, qui va chapeauter l’antenne de Mayotte. La tâche lui a été confiée après qu’elle ait épaulée la MSA de Guyane dans ses dernières évolutions. Et cette expérience ultramarine sera très utile car de nombreuses spécificités seront encore à trancher au 1er janvier, comme par exemple sur la question des retraites. La moyenne d’âge des agriculteurs mahorais est élevée et certains vont donc entrer dans le système de cotisation alors qu’ils seraient en âge d’arrêter de travailler.

Dès la semaine prochaine, la CAPAM ouvre les inscriptions et lance une campagne pour que le plus grand nombre d’agriculteurs adhère très rapidement à ce régime obligatoire. Ils seront accueillis dans les locaux de la MSA à Dzaoudzi et dans ceux de la CAPAM à Mamoudzou et Coconi. Au moment où la carte vitale poursuit son déploiement dans notre département, c’est également la MSA qui sera chargé d’en faire bénéficier les agriculteurs. RR Le journal de Mayotte

*CAPAM : Chambre d’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte

Source : http://lejournaldemayotte.com/une/msa-un-vrai-statut-pour-les-agriculteurs-de-mayotte/