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Nathalie Montelle : “Un média ne peut plus exister s’il n’est pas présent sur le web”

A l’occasion de la semaine de la presse et des médias dans l’école, du 23 au 28 mars, TNTV.pf vous propose une série d’articles sur Internet comme nouveau support de l’information. Aujourd’hui, Nathalie Montelle, rédactrice en chef de Tahiti infos, premier site d’informations en ligne du fenua, répond à nos questions.

Nathalie Montelle :
Tahiti infos a débuté sur le web. Quel est l’avantage d’un tel média pour véhiculer l’information ?
“En premier lieu, la réactivité. Dès le départ, cela a été notre marque de fabrique, nous mettons un point d’orgue à diffuser au plus vite les informations sur notre site Internet, et on voit que du côté des internautes, la demande est de plus en plus marquée. Tout l’art consiste à parvenir pour autant à ne pas confondre vitesse et précipitation, et donc à vérifier SYSTEMATIQUEMENT toutes les les infos avant de les poster. Mais on peut avoir un vrai rôle de “service”, ça nous l’avons constaté très tôt, en 2011, lors du tsunami au Japon, nous faisions de la mise en ligne directe et permanente et nous avons ensuite reçu de nombreuses appréciations de la part des internautes francophones car certains se trouvaient en France ou même au Japon, à quelques kilomètres du lieu de la catastrophe et à l’heure ou nous mettions en ligne, nous étions les seuls à apporter une information en langue française . Ce jour là nous avons réellement compris la portée et le rôle que pouvait avoir le web dans le monde de l’information.
Ensuite il ya l’interactivité. On s’est aperçu très rapidement que les gens aimaient réagir à l’actu, cela s’est confirmé par la suite avec l’avènement des réseaux sociaux comme Facebook, mais dès le départ, nous avons constaté que l’espace commentaire plaisait à nos lecteurs.
Enfin le fait de pouvoir mettre à jour, réactualiser créer des fils d’infos et suivre des évènements en direct, ça aussi est un atout incontestable du web.”

Pourquoi avoir choisi de créer également une “version papier” de Tahiti infos ?
“L’équipe de Tahiti Infos est constituée de personnes qui viennent de la presse papier, c’est dans notre culture et nous vivions comme une sorte de “frustration” l’aspect “volatile” du traitement numérique. D’autre part, il y avait une demande de la part des lecteurs, si le web est effectivement très répandu, il y a encore et toujours ceux qui préfèrent le papier, pour le plaisir ou tout simplement parce qu’ils refusent le web. C’était un pari, mais on constate que nos 10 000 exemplaires partent chaque jour et les gens les gardent.
Pour nous, c’est beaucoup de travail, mais pour les journalistes on sent aussi qu’il ont plus de satisfaction à voir leur travail “gravé dans le marbre” au moment de la sortie du papier.
Enfin , on capitalise beaucoup plus la lecture sur le papier que sur un support numérique, aussi cela nous permet de pratiquer des tarifs publicitaires plus élevés et cela nous permet répondre à notre modèle économique qui n’est basé que sur les recettes publicitaires.”

Selon vous, tous les médias doivent ils nécessairement être présents sur le web aujourd’hui ?
“Cela me semble indispensable en effet, c’est entré dans les moeurs et je crois qu’un média ne peut plus exister s’il n’est pas présent sur web . Même pour la télévision, je lisais une étude médiametrie récente qui précisait que 15 % des française de 15 à 24 ans regardent tous les jours la télévision en différé (replay). La presse écrite ne peut plus quant à elle exister sans le web, ce qui pose d’ailleurs de gros problèmes pour la presse payante. J’ai le sentiment que la presse écrite a vécu sa révolution, aujourd’hui c’est au tour des TV et des radios de se positionner avec le web.”

Va-t-on vers un média unique sur Internet ?
“Une convergence des médias semble inéluctable en effet, mais je pense que si chaque support sait garder et valoriser ses spécificités il peut y avoir une complémentarité tout à fait intéressante au final. En effet, on voit que des journaux de presse écrite installent des vidéos pour illustrer certains de leurs articles, mais peu ont véritablement les moyens derrière pour que le support vidéo prenne une place significative sur le site. A ma connaissance, La Dépêche s’y essaye depuis de nombreuses années, par exemple et pour l’instant le résultat n’est pas concluant. Et c’est normal, un journaliste de presse écrite, ce n’est pas son métier de faire des vidéos, il est préoccupé pas les questions qu’il va poser, les scoops qu’il va attraper, plus que par le fait de tenir une camera en veillant a obtenir un son correct une image qui ne bouge pas trop… Ensuite le montage est très long, il faut être réactif malgré tout.. Donc cela doit rester dans le giron de la télévision.
En radio, ce qui fonctionne bien sur le web, ce sont les Interviews filmées en studio, en revanche les docs et tout, ce n’est pas la peine…On regarde volontiers un documentaire sur sa télévision, dans un bon fauteuil, passif. Pour le web, on est pas dans la même position, on est assis, on est en position active, c’est la différence entre l’offre de broadband et de broadcast, ce ne sont pas les mêmes cibles ce ne sont pas les mêmes métiers…Si chacun fait bien son métier sans vouloir faire celui des autres, il y a de la place pour tout le monde.”

Beaucoup d’informations circulent sur la toile. De nouveaux sites se créent chaque jour. Comment gagner en légitimité sur le web ?
“La rigueur, le traitement de l’info doit être précis, juste. Il faut à tout prix éviter de diffuser une mauvaise info, non vérifiée, le réputation est importante et les erreurs ont la dent dure, on a vu des sites disparaître très vite par manque de rigueur dans le traitement de l’info. Il y a l’indépendance aussi, l’internaute a horreur de se sentir manipulé, il se sait vulnérable et cherche le plus possible un traitement de l’information non dirigé, non partisan. C’est là que se posent toute la limite de l’information subventionnée.
La légitimité vient aussi de la capacité du support à fournir un taux important d’articles “sources”, ce taux doit être de 60 à 70 % par rapport aux infos “reprises où de source agence ( type AFP)”. Un site web qui ne fait que de la reprise d’infos n’a aucune légitimité. D’où l’importance d’avoir –des journalistes sur le terrain.”

Que vous apporte votre présence sur les réseaux sociaux ?
“Là j’ai envie de dire, “malheureusement” c’est devenu indispensable. “Malheureusement” car on ne contrôle pas et on n’a pas la main sur ce que l’on souhaite mettre en avant ni comment le diffuser sauf à payer très cher ( ce qui est le but d’ailleurs 😉 On est pris au piège d’un outil marketing génial mais dangereux. Facebook plus que Twitter ici d’ailleurs, est un peu un miroir aux alouettes. En effet, contrairement aux idées reçues, le nombre de “like” n’apporte rien en dehors d’une vague impression d’avoir plus d’amis 😉 ( totalement erronée d’ailleurs) car les algorithmes de Facebook sont complexes et on voit en ce moment qu’un gros ménage est en train de se faire et beaucoup de comptes sont en chute libre…Facebook nettoie en ce moment les comptes inactifs…
Par contre c’est très convivial, on est très proches de nos lecteurs, ils peuvent nous envoyer facilement des photos, des sujets d’articles, pour les médias, Facebook est devenu un superbe outil de capture d’info, pour la pige c’est exceptionnel.”

Travailler sur Internet nécessite -t-il de développer de nouvelles compétences ? Y a-t-il un “journalisme web” ?
“Avant tout ce n’est pas l’outil qui fait le journaliste, il faut avoir les bases quoi qu’il en soit, une déontologie aussi. En revanche, le web demande des capacités supplémentaires, il faut être réactif, rapide, il ne faut pas trop se formaliser sur des notions d’horaires car l’info c’est 24H/24 et un journaliste web qui se cantonne à travailler dans des créneaux horaires va vite être dépassé, (et il va vite s’ennuyer) . De même, un bon journaliste web sait utiliser l’outil habilement pour aller à la pêche aux infos, aux scoops… C’est une mine, le web est également devenu indispensable pour faire des recherches de documentation…mais je reste persuadée qu’il ne faut pas se plonger dans du 100 % web, le terrain et le lien avec le “vrai” monde est indispensable. Il faut bien aller chercher l’info car sinon on risque de tous se retrouver à dire les même choses au même moment et ça pourrait finir par lasser le lecteur…. Cela dit, est-ce qu’on en est pas un peu là parfois ?”

Propos recueillis par M.K


Source : http://www.tntv.pf/Nathalie-Montelle-Un-media-ne-peut-plus-exister-s-il-n-est-pas-present-sur-le-web_a5202.html

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