Politique de l’énergie : sans transition…
Partager cet article
La transition énergétique était un des grands chantiers du précédent gouvernement. Édouard Fritch et surtout Jean-Christophe Bouissou, revenaient souvent sur cette programmation 2015/2030 qui devait faire passer la Polynésie française sur un modèle de 75% d’utilisation d’énergies renouvelables. Un vœu pieu que chacun savait condamné, au mieux à l’injection massives de milliards de francs dans le domaine, au pire, à caler un coin d’étagère, comme de nombreux autres plans et projets avant lui.
La CTC estime d’ailleurs ce plan “trop ambitieux”, ne reposant que sur “le développement du photovoltaïque, la progression de l’énergie hydroélectrique et la mise en place de centrales hybrides (associant énergie thermique et photovoltaïque).”
“Du point de vue de l’efficience des investissements, les centrales hybrides ne contribueront que marginalement au développement des énergies renouvelables à l’échelle de la Polynésie française. Si ces centrales rendaient ces îles plus autonomes par rapport au risque de rupture d’approvisionnement en hydrocarbures pour la production d’électricité, au demeurant assez rare, elles nécessiteraient un accompagnement des communes pour assurer une maintenance et une exploitation de qualité. À défaut, les échecs de production d’électricité à partir de ces centrales (par exemple à Ahe et Makemo) risquent de se reproduire”, commente la CTC dans sa synthèse.
Même constat en demi-teinte pour la production d’hydroélectricité dont le programme repose “sur des augmentations de puissance des installations existantes et sur de nouveaux projets” avec des délais qui jouent contre le Pays, notamment en matière de renouvellement de concessions, et d’opposition des riverains à ces structures.
De fait “les contraintes risquent de ne pas conduire à l’atteinte des objectifs de la programmation pluriannuelle de l’énergie”, conclut la CTC sur le sujet. “L’objectif de 75 % d’énergie renouvelables à horizon 2030 ne semble donc pas réaliste. La cible précédente de 50 % en 2020, fixée par le Plan climat énergie de 2015, n’a d’ailleurs pas été atteinte.”
Produire plus d’énergie verte pour alimenter des bâtiments vieillissants à l’étanchéité plus proche de celle de l’emmental dans lesquels les climatisations tournent à fond ne sert à rien.
Du côté des transports, le constat est aussi à l’échec. “Le secteur du transport n’a pas contribué à la maîtrise de la demande d’énergie”, note à ce sujet le rapport. “Alors que le transport routier représente le premier poste de dépense énergétique de Polynésie française devant l’électricité, sa part dans la consommation d’énergie finale a progressé.”
La Chambre explique donc, comme une évidence, que développer la transition énergétique sans maîtriser la consommation d’énergie ne sert à rien. Elle souhaite par ailleurs que, si le Pays parvient à ouvrir une ligne de financement de cette transition énergétique, soit instaurée, “dans le cadre d’une meilleure identification des recettes, la mise à contribution du secteur des hydrocarbure”. “Cette contribution constituerait une application du principe pollueur/payeur posé par le Code de l’environnement polynésien”, conclut le rapport.
Le jeu qui se joue entre le Pays et EDT autour du prix de l’électricité va finir par se retrouver dans les portefeuilles des Polynésiens. C’est ce qu’estime la CTC dans ses conclusions, évoquant “des augmentations de prix de l’électricité insuffisantes pour couvrir l’augmentation du coût des hydrocarbures pour la production d’électricité et une absence de décision sur l’abandon du fioul lourd pour la centrale de production thermique de la Punaruu pour des motifs de coût du fioul par rapport au gazole.”
Surtout, la Chambre parle d’une augmentation de la facture EDT à anticiper. “Le tarif de l’électricité a été sous-estimé pendant de nombreuses années, conduisant à une nécessaire augmentation afin que ce tarif corresponde davantage aux coûts de transport réellement supportés par la société en charge du transport (SEM TEP). Cette déconnexion entre les prix de l’électricité et les cours des hydrocarbures n’est cependant pas durable. L’accumulation de ‘dettes hydrocarbures’ vis-à-vis du concessionnaire EDT-Engie pour la concession de Tahiti-Nord risque de conduire à des augmentations au cours des prochaines années afin de rembourser ces coûts supportés par EDT-Engie, qui sont juridiquement dûs au concessionnaire”, explique le rapport.
-Evaluer, dès 2023, l’ensemble des dépenses afférentes à la politique nergie
-Compléter, dès 2023, la programmation pluriannuelle de l’énergie par une identification précise des recettes envisagées
-Etudier, dès 2023, la mise à contribution des hydrocarbures au financement de la transition énergétique
-Etudier, dès 2023, les modalités de renforcement de l’assistance aux communes en complémentarité avec l’intervention des intercommunalités et autres formes de regroupements (SPL)
Source : https://www.tahiti-infos.com/Politique-de-l-energie-sans-transition_a219807.html
Partager cet article
Laisser un commentaire