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« Pour être protégé, il faut être délinquant ! »

Deux sujets principaux au programme de George Pau-Langevin, la ministre de la réussite éducative ce mardi matin à Mayotte. Le suivi des enfants présentant des troubles du comportement puis le dossier, toujours aussi sensible, des mineurs isolés. La présidente du tribunal (TGI) a été particulièrement directe face à l’urgence.

George Pau-Langevin dans une classe de l'ITEP à Kahani

George Pau-Langevin dans une classe de l’ITEP à Kahani

« Aujourd’hui, beaucoup de monde semble découvrir l’isolement des jeunes, la délinquance des jeunes. Nous, ça fait onze ans qu’on lutte contre ça. » Les propos introductifs du sénateur Thani pour présenter l’association Tama sont rodés. C’est même la deuxième fois en cinq jours qu’il se plie à l’exercice devant un ministre. Cette fois-ci, devant George Pau-Langevin, la ministre déléguée chargée de réussite éducative, il s’agissait de présenter l’ITEP, l’institut thérapeutique éducatif et pédagogique de Kahani.

Premier établissement habilité de Mayotte en 1992, l’ITEP s’occupe d’enfants dont les problèmes psychologiques les empêchent de suivre une scolarité classique. Aujourd’hui, 24 jeunes de 8 à 18 ans sont pris en charge par la structure grâce, entre autres, à l’Education nationale qui a détaché deux enseignants spécialisés et des formateurs au sein de l’ITEP Pro. La ministre a indiqué qu’à son retour à Paris, elle ferait le nécessaire pour « développer des moyens pour la prise en charge de ces jeunes », en mettant « des personnels pour épauler les enseignants » et en facilitant les recrutements de professionnels spécialisés.

L’absence du Conseil général

La ministre avec le sénateur Thani et la directrice de l'ITEP

La ministre avec le sénateur Thani et la directrice de l’ITEP

Pour que ça marche, soulignait la ministre, il faut « un travail en commun entre le secteur associatif, les collectivités locales et l’Etat ». « Venir ici, saluer le travail de Tama, c’est aussi dire que d’autres initiatives de la société civile seraient les bienvenues compte tenu de l’ampleur des difficultés que l’on trouve à Mayotte. »

Si l’Etat n’a pas toujours été suffisamment présent et le secteur associatif encore trop peu développé, le sénateur Thani relevait aussi, avec de multiples précautions, que « les collectivités doivent être plus présentes dans le traitement de l’enfance et de la petite enfance. Si nous avons des problèmes de délinquance, c’est que nous ne nous sommes pas assez occupés de nos enfants, de tous les enfants qui habitent dans le département. »

La misère institutionnelle

La présentation du dossier "mineurs isolés"

La présentation du dossier « mineurs isolés »

Ces précautions, Marie-Laure Piazza, la présidente du Tribunal de Grande Instance (TGI), ne s’en est pas encombré. Sur le deuxième dossier de la matinée, les mineurs isolés (entre 2.200 et 2.800 actuellement), la dénonciation de l’inaction du Conseil général se fait sans détour.

L’association Tama a présenté ses actions pour développer une coopération régionale avec les Comores, l’objectif étant d’établir des partenariats entre associations pour une prise en charge globale des mineurs isolés à l’échelle de l’Archipel. Marie-Laure Piazza a ponctué l’intervention d’un « Merci Tama, heureusement que nous vous avons pour faire ce travail ! » soulignant que « cette présentation aurait dû être faite par le Conseil général ».
Pas de foyer de placement, même d’urgence, pas de coopération régionale, peu de familles d’accueil et si peu encadrées… « Le département a rajouté à cette misère sociale, affective et éducative, une misère institutionnelle », affirmait la présidente du TGI.
« La situation est grave et préoccupante. On arrive à ce paradoxe que pour être protégé à Mayotte, il faut être délinquant ! »

Le choix politique de l’inaction

« C’est un choix politique de dire ‘nous ne faisons rien sinon nous allons créer un appel d’air’ », concluait-elle. Or Mayotte, département français, doit se conformer aux traités internationaux sur la question.

La ministre Pau-Langevin indiquait travailler avec le ministère de la justice sur une prochaine circulaire sur les « dispositifs relais ». Elle a précisé vouloir « faire quelque chose de particulier pour Mayotte ».
Ainsi s’est achevée cette visite ministérielle de deux jours effectuée au pas de charge. La ministre a tout de même passé une bonne heure supplémentaire sur le sol mahorais. La météo pluvieuse a retardé le départ de son avion.
RR

Source : http://lejournaldemayotte.com/?p=8449

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