Said Omar Oili : la voix des maires

Elu maire de Dzaoudzi au premier tour avec 60,27% des voix, « un score à la Juppé ! » glisse-t-il, Said Omar Oili effectue là son grand retour en politique. Il a installé ce dimanche son conseil municipal et doit malgré tout continuer à composer avec les critiques de ses adversaires sur sa gestion passée du Conseil général.
Il cumulera le statut de premier magistrat et celui de conseiller général à Dzaoudzi. Said Omar-Oili a installé ce week-end son premier conseil municipal où le Nema (Nouvel Elan pour Mayotte) cumule 25 sièges sur 33, les autres conseillers municipaux étant en majorité affiliés au MDM (Mouvement pour le Développement de Mayotte).
Un MDM qui est un peu l’ennemi juré de Said Omar Oili depuis que son plus illustre représentant, le président du conseil général Daniel Zaïdani, a soutenu son adversaire Boinali Said Toumbou lors des dernières législatives. « Je n’aime pas les menteurs », indique celui qui fut également à la tête de la collectivité territoriale, en expliquant avoir peu goûté les accusations de fauteur de déficit alimentées par Daniel Zaïdani. Il s’en défend : « je n’ai jamais voté un budget en déséquilibre, et les recrutements que j’ai effectués ont été validés par le cabinet Mensia. »
Said Omar-Oili n’annonce pas de grands projets de développement pour sa commune : « je vais plutôt me concentrer sur le basique, l’entretien des infrastructures existantes. On a laissé des constructions pousser comme des champignons, notamment à la Vigie, sans canalisation, sans eau ou électricité, reliées par des chemins de terre qu’il faut aménager ».
Il compte y arriver au moyen d’opérations d’urbanisme comme la Résorption de l’Habitat Insalubre (RHI), « le seul moyen pour régulariser la situation des familles ne possédant pas de titres de propriété et qui devront malgré tout acquitter un impôt ».
L’Etat rappelé à l’ordre
Avec son retour sur le devant de la scène, l’Etat retrouve son principal pourfendeur : « l’indice de développement humain, très faible à Mayotte, est de se responsabilité. Il n’y a que deux voix à Mayotte, celle de l’Etat et celle du Conseil général. Il faut faire entendre celle des maires. C’est ce que je ferai à Paris, au moyen de vidéos explicites s’il le faut ! » Il rappelle que les 30 millions d’euros de dettes de l’Etat, « confirmée par le préfet Bouvier », n’ont jamais été réclamés « par des présidents du Conseil général successifs qui n’ont pas voulu bousculer des majorités gouvernementales dont ils étaient proches ».
Le nouveau maire vient de prendre les clefs de Dzaoudzi, non sans en avoir fait rapidement un état des lieux, en renard de la politique : « le déficit de trésorerie se monte à 1,175 millions d’euros. Lors du premier conseil municipal, jeudi 3 avril, je demanderai au Trésorier Payeur Général une analyse rétrospective de la situation financière de la commune, et prospective sur les impôts à recouvrir. En cas de déficit, nous serons amenés à fixer des taux élevés en début de mandat, quitte à les baisser ensuite ». Une commune dont le budget n’est pourtant pas réglé par le préfet, « mais ça pourrait venir », indique-t-il, « en fonction du diagnostic ».
Les critiques sur sa gestion du Conseil général, il les renvoie à ses détracteurs du MDM qu’il considère balayés de la piste politique en Petite Terre, et déclare vouloir se concentrer sur sa commune.
Anne Perzo-Lafond
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