Un terrible choc entre deux véhicules légers avait ôté la vie à un enfant de 4 ans à Saint-Paul en 2022. Moins d’un an après, la conductrice incriminée devait affronter les juges du tribunal correctionnel de Saint-Denis.
Une heure plus tôt, la procureure avait réclamé 4 ans de prison dont 3 ans avec sursis probatoire et une détention à domicile pour la partie ferme. Elle estimait que le travail de réflexion de la prévenue n’était pas totalement achevé. La procureure avait également requis l’interdiction de passer le permis pendant 2 ans et de conduire une voiture non équipée d’un ethylotest pendant 4 ans mais aussi avait astreint la prévenue à une obligation de soins, de travailler et d’indemniser les victimes.
En ce samedi soir du 23 avril 2022, la collision frontale sur la route du Cap La Houssaye n’avait laissé aucune chance au petit Honoré, âgé de 4 ans, qui avait pris place dans le véhicule familial.
Malgré la douleur des membres de la famille meurtrie, l’audience de ce mardi 7 février a été empreinte de dignité de leur part. Les débats se sont concentrés sur le problème avec l’alcool auquel est confrontée la prévenue. Une prévenue qui comparaissait libre mais sous contrôle judiciaire depuis sa mise en examen.
Trois heures après l’accident, la conductrice, née en 1984 et mère de deux enfants, avait été testée à un taux d’alcoolémie d’1,52 g/litre de sang. Lorsqu’elle avait appris le décès du jeune passager, elle avait fondu en larmes et avait eu comme première réflexion : “Je veux prendre sa place”.
Mais ses précédentes condamnations ne plaidaient pas en sa faveur. Avant ce drame, son casier comportait deux condamnations, l’une pour vol aggravé et l’autre pour conduite sous l’empire d’un état alcoolique, déjà.
“Ça ne changera rien à son fardeau”
“J’aurais aimé entendre (la prévenue, ndlr) aujourd’hui qu’elle n’était pas en capacité de conduire”, dira la procureure durant l’audience. Une réflexion qui arrive après le manque de discernement de la prévenue sur ses fautes, et ce malgré les mois qui ont passé. La prévenue a par exemple dit qu’elle “n’aurait pas dû conduire” mais n’a pas reconnu que c’est son état d’alcoolisation récurrente qui posait problème.
“Il s’agit d’un accident grave aux conséquences extrêmes. On ne peut pas se mettre à la place de la famille”, affirmera la procureure.
“Elle acceptera la décision et de toute façon ça ne changera rien à son fardeau”, estimera de son côté la défense. Sur sa consommation d’alcool, “elle ne minimise pas, ce n’est pas son intérêt, elle a un trou noir”, tentera d’expliquer l’avocat de la prévenue.
“Nous sommes là pour la dignité. Je ne comprends pas les larmes du coupable. Que vous pleuriez m’exaspère”, lancera avec sa gouaille habituelle Me Georges André Hoarau, avocat des victimes de l’accident. “La famille est là, digne pour le petit Honoré. C’est une douleur sans nom que vous voyez devant vous aujourd’hui”, a affirmé l’avocat qui interpellera la prévenue sur le fait qu’elle a encore, elle, la chance de voir ses enfants grandir.