Toyota se retire d’Australie, qui pourrait devenir un désert industriel automobile
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Le numéro un mondial du secteur a expliqué qu’il allait stopper d’ici à la fin 2017 ses chaînes d’assemblage d’Altona dans la banlieue de Melbourne (sud-est).
En Australie, c’est un coup de massue.
"Rien de ce que nous pourrons dire ou faire ne pourra limiter l’anéantissement de tant de personnes", a déclaré le Premier ministre Tony Abbott. Attendu en avril au Japon, il affirmé qu’il avait tenté jusqu’au bout de faire changer d’avis Toyota.
"Mais, a-t-il ajouté, l’important c’est de se rappeler que si des entreprises ferment d’autre ouvrent et que si des emplois meurent d’autres naissent. Il y aura des jours meilleurs".
"Nous espérions pouvoir continuer de produire en Australie (…) mais nous sommes contraints de prendre cette décision difficile car ce marché est soumis à une compétition très intense, le dollar australien est très vigoureux et, en outre, l’ensemble de la production d’automobiles en Australie est en train de diminuer", a pour sa part expliqué le PDG du groupe japonais, Akio Toyoda.
Le PDG a parlé de "crève-coeur" en s’adressant à des journalistes australiens via un interprète.
Pour le dirigeant de l’opposition australienne Bill Shorten, cette annonce signifie purement et simplement "la mort de l’industrie automobile en Australie".
Le syndicat des Travailleurs du secteur automobile australien AMWU a de son côté estimé que le retrait annoncé pourrait engendrer une possible récession en Australie, où l’économie traverse une passe difficile après s’être reposée pendant une décennie sur les industries d’extraction minières.
L’an passé, Toyota a assemblé en Australie un peu plus de 100.000 voitures de moyenne gamme (Camry, Aurion), à peine 1% de sa production mondiale (plus de 10 millions de véhicules en 2013).
Sa production en Australie, qui atteignait encore 150.000 véhicules avant la crise financière de 2008-2009, a régulièrement diminué depuis.
La principale filiale de Toyota sur place compte 3.900 employés, mais aucun détail sur leur sort n’a été fourni.
Le constructeur dispose en outre d’un centre technique employant 150 personnes qui pourrait voir son activité "réduite", a ajouté Toyota sans préciser.
Le groupe conservera toutefois une activité de vente et de distribution.
Cette annonce intervient quelques semaines après une décision similaire de General Motors, qui va stopper d’ici au même horizon 2017 la production de sa filiale GM Holden (2.900 personnes). Ford a déjà annoncé en mai dernier qu’il cesserait d’assembler en 2016 en Australie (1.200 personnes).
L’autre constructeur japonais présent, Mitsubishi Motors, a fermé pour sa part son usine d’Adelaide (sud) il y a cinq ans.
La nouvelle du retrait industriel de Toyota, présent depuis plus de 50 ans et qui restait le dernier constructeur engagé, pourrait donc signifier l’arrêt de toute production d’automobiles en Australie d’ici à trois ans.
Quelque 1,13 million de véhicules ont été vendus dans ce pays l’an passé, ce qui en fait un marché de taille relativement modeste. Toyota y a écoulé 214.000 véhicules l’an passé, soit 20% du total.
D’après le quotidien japonais Nikkei, la main-d’oeuvre australienne dans l’automobile coûte en moyenne 30% plus cher qu’aux Etats-Unis, un argument de poids pour ceux qui plaident pour le retrait.
Face au choc, le ministre de l’Industrie Ian Macfarlane a affirmé que l’industrie australienne avait un avenir. "Mais ce ne sera pas le même", a-t-il concédé, car la décision de Toyota "va changer le visage de l’industrie australienne pour toujours".
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