Tribunal judiciaire : dénoncer ses complices ne paye pas toujours !
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L’affaire avait fait grand bruit en juillet dernier : plusieurs gendarmes, en mission sur les crètes de Bandrélé, s’étaient fait violemment agresser par un groupe de 5 individus masqués et armés de machettes. Ces derniers leur avaient dérobés un sac-à-dos contenant deux pistolets, 3 chargeurs et une grenade de désencerclement. Pris de panique à l’idée que les « délinquants du coin » soient désormais munis d’armes à feu, les villageois de Miréréni avaient aidé les forces de l’ordre à retrouver les malfrats. Grâce à l’audience de ce lundi 23 septembre, on sait désormais que la personne ayant précisément dénoncé les voleurs était en réalité leur complice. En découvrant les armes dans le sac-à-dos de ceux qu’il prenait pour de simples randonneurs, le dénommé Moto a pris peur et a préféré tout dire aux autorités, provoquant automatiquement sa propre dénonciation par ceux qu’il venait de dénoncer. Ces derniers ont même affirmé qu’il était « le chef de la bande ». Le tribunal devait donc démêler ce « méli-mélo » afin de déterminer de quoi Moto était exactement coupable.
La première audience relative à cette affaire s’était déroulée le 22 juillet dernier. Les 4 prévenus avaient été condamnés à 4 ans de prison dont 1 avec sursis. Le cas de Moto étant un peu différent, ce n’est que ce lundi qu’il a comparu devant le tribunal. « Comme je les ai dénoncés, je savais qu’ils allaient me dénoncer aussi », a expliqué calmement Moto en ajoutant que le qualificatif de « chef de bande » qu’ils lui avaient attribué était tout simplement de la vengeance. Il a expliqué qu’en découvrant les armes dans le sac-à-dos, il se serait rendu compte que le délit commis était plus grave que prévu. Il aurait alors demandé à ses complices de rendre les armes, ce qu’ils auraient refusé de faire. Il a alors préféré les dénoncer, de peur que les conséquences de ce délit ne prennent des proportions incontrôlables.
« Je ne sais pas ce qu’il m’a pris ce jour-là »
Inconnu de la justice jusqu’à présent, le dénommé Moto n’est âgé que de 19 ans et est arrivé des Comores en 2015. Orphelin, il a été recueilli par de la famille à Mayotte et vit actuellement de « petits boulots », souvent de nature agricole. Devant le juge et ses assesseurs, il a d’ailleurs prétendu qu’il n’était présent sur les crètes de Bandrélé ce 13 juillet que pour cela à l’origine. Exceptionnellement (selon ses dires) alcoolisé et drogué ce jour-là, il se serait « laisser entraîner » par des amis. Une défense que Thyphaine Colliot, l’une des assesseurs, a du mal à « avaler » : « Vous dites que vous ne faites jamais cela et là, d’un coup, vous vous mettez à agresser des gens, le visage masqué ? Vous comprendrez qu’on a du mal à vous croire… », a-t-elle fait remarquer. « Je ne sais pas ce qu’il m’a pris ce jour-là » a été la seule réponse de Moto, visiblement à court d’arguments. La première audience avait déjà établi que le vol des armes à feu n’était pas volontaire, les agresseurs ne sachant pas qu’ils avaient à faire à des gendarmes. Ces derniers étaient en effet habillés en civil ce jour-là pour accomplir leur mission…une mission qui avait justement pour objectif de repérer les traces des détrousseurs de randonneurs sévissant sur les crètes de Bandrélé !
Qualifiant l’agression et le vol de « faits simples, mais graves », la substitut du procureur, Delphine Mousny, a requis 4 ans de prison dont 1 avec sursis et une interdiction de fouler le sol du territoire français pendant 5 ans. Soit exactement la même peine que pour ses 4 complices. Son avocat, Me Laurent Bayon, a évidemment axé son plaidoyer sur le fait que Moto était allé de son propre chef à la gendarmerie pour dénoncer ses complices. « Ce n’est pas un chef, c’est un suiveur et il a eu un comportement exemplaire depuis son arrestation ainsi qu’au cours de l’audience, cela mériterait qu’on revoie sa peine un peu à la baisse », a-t-il argumenté. Un plaidoyer qui a peu joué sur la décision du tribunal puisque Moto a été condamné à 3 ans de prison ferme sans sursis et à une interdiction de territoire français pendant 5 ans. Soit à peine moins que ses complices…
N.G
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