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VIDÉO. « C’est assez incroyable de voir autant de cétacés au même endroit ! »

Afin de préserver les différents mammifères marins de Mayotte, l’association Céta’Maoré déploie depuis plusieurs années le programme de suivi participatif Wujua. Dans ce cadre, les bénévoles prennent régulièrement le large pour récolter des données sur les dauphins et baleines. Nous avons suivi ces observateurs en mer, de leur formation à une de leur sortie dédiée. Reportage.

« Que connaissez-vous des mammifères marins ? » Si en ce début de formation pour devenir observateur en mer, elles n’en savent pas grand-chose, la vingtaine de personnes présentes dans les locaux de la mairie de Bandrélé est sur le point de devenir experte en écoutant le cours donné par David Lorieux. Le chargé de missions Actions pédagogiques et coordinateur scientifique de l’association Céta’Maoré les prépare à prendre la mer pour contribuer au projet Wujua. Du verbe « connaître » en shimaoré, il s’agit d’un programme de suivi participatif des différentes espèces de mammifères marins présentes à Mayotte. Pour être apte à prendre part aux sorties dédiées organisées par l’organisme, les bénévoles doivent tout d’abord apprendre à différencier globicéphales, longs becs, stenelles tachetés, tursiops et autres dauphins. « Celui-ci à un petit bec et une bande noire qui part des yeux, comme un masque », évoque le formateur pour décrire le dauphin de Fraser à l’auditoire. Que ce soit au physique où aux sons, il est important que les futurs observateurs sachent distinguer les différents mammifères.

Les apprentis doivent aussi apprendre à remplir scrupuleusement les fiches d’observation en utilisant les différents codes : heure, coordonnées GPS, espèce, nombre d’individus, comportement… chaque détail est minutieusement noté pour renforcer les données de l’association. Au sortir de la formation, tout le monde est prêt à embarquer. « C’était intéressant, je ne savais pas qu’il y avait autant d’espèces différentes à Mayotte », retient Alain.

Une espèce pas encore observée

Nous retrouvons David Lorieux et une douzaine de nouveaux observateurs, deux mois plus tard, au bord du bateau que Lagon Aventure met à disposition pour assurer ces sorties pédagogiques. « On essaye d’être trois de chaque côté du bateau pour être sûr de ne rien louper », lance le chargé de mission à son équipage de bénévoles. « Si vous voyez quelque chose, lever haut la main pour que le pilote ralentisse. »

Il n’aura fallu qu’une demi-heure pour que le capitaine reçoive un appel radio l’alertant de la présence de plusieurs centaines de dauphins d’Électre et de Fraser à proximité de l’îlot Bandrélé. « C’est parti ! », s’enthousiasme le coordinateur de la mission, qui se réjouit de pouvoir rencontrer ces espèces. « On n’a pas encore observé le dauphin de Fraser durant la campagne Wujua 2024, ni l’année dernière, donc ce serait une première », s’impatiente-t-il alors que le bateau fend les vagues à toute allure. Les dauphins ont préparé un véritable festival pour l’équipe à leur arrivée sur les lieux : au moins une soixantaine de Fraser font la course tandis que plus de 500 péponocéphales, l’autre nom des dauphins d’Électre, jouent ou se reposent à la surface. Le bateau coupe le moteur et ne cherche pas aller trop près, pour garder une approche respectueuse des animaux. « Si les dauphins veulent s’approcher, cela doit venir d’eux-mêmes », rappelle David Lorieux. Cela ne manque pas : peu farouches, les péponocéphales, reconnaissables à leur bec arrondi et lèvres blanches, viennent à notre rencontre et jouent à passer sous l’embarcation. « On est encerclés ! », constate avec joie Aurélien Tambutté, un des bénévoles.Tous se précipitent sur leur appareils photos pour capturer en rafale les images qui serviront à documenter ces espèces. Cette photo-identification permet de confirmer l’espèce et pour celles communes, d’assurer un suivi qui peut aller jusqu’à l’individu.

« C’est la première fois que je vois un tel spectacle »

Pendant ce temps, David Lorieux plonge un hydrophone à sept mètres de profondeur. « Cela permet d’enregistrer les sons sous-marins. Notre but est de faire un catalogue sonore des espèces marines, car on connaît bien le chant des baleines mais très peu les sons émis par certains dauphins », explique-t-il alors qu’on peut désormais entendre les cliquetis et sifflements s’échapper du haut-parleur présent sur le bateau. Magali Daco, coordinatrice adjointe du jour, remplit de son côté la fiche terrain, notant le plus de détails possibles sur l’observation.

La matinée sera rythmée par les sauts des dauphins, qui offrent une véritable carte postale en se pavanant avec le mont Choungui en arrière-plan. L’après-midi, l’équipe prend la direction de l’extérieur du lagon, à la recherche d’espèces plus rares comme le cachalot nain, tous sont plus que satisfaits de l’observation qu’ils ont pu faire. « C’est la première fois de ma vie que je vois un tel spectacle », n’en revient pas Jesus, un des observateurs. « Pour moi, c’est important de connaître un peu plus la nature pour savoir comment on peut faire attention et protéger notre environnement », développe-t-il pour expliquer sa présence à bord. « C’est assez incroyable de voir autant de cétacés au même endroit ! À l’heure d’une nouvelle extinction de masse, c’est une chance de pouvoir acquérir des connaissances dessus », estime Aurélien Tambutté. Des savoirs nécessaires pour sauvegarder ces espèces : mieux les connaître permet d’avoir de meilleures mesures de gestion sur ces animaux, en identifiant par exemple s’ils sont en danger ou menacés, comme nous l’explique David Lorieux. « Plus on va avoir de la donnée, plus on va connaître pour mieux protéger. »

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